Avec Horace, Corneille s'essaie une seconde fois à la tragédie, mais une tragédie dans laquelle Histoire et Raison d'Etat font office de destin. En effet la destinée des hommes y est déjà écrite, et pourtant ne doit pas y être une fatalité.
Ainsi c'est la fortune qui a décidé de la guerre qui va avoir lieu entre deux cités jumelles Albe et Rome, mais pour éviter un massacre inutile, les dirigeants de ces villes décident que trois de leurs plus valeureux guerriers représenteront leurs villes dans un combat décisif. Tous sont en attente du choix des six guerriers, choix qui ici encore sera dicté par les dieux. C'est alors que l'ont assiste au face à face entre deux amis qui vont devoir devenir adversaires par la force du destin (...)
[...] Curiace Non, mais il me surprend : Je m'estimais trop peu pour un honneur si grand. Flavian Dirai-je au dictateur, dont l'ordre ici m'envoie, Que vous le recevez avec si peu de joie ? Ce morne et froid accueil me surprend à mon tour. Curiace Dis-lui que l'amitié, l'alliance et l'amour Ne pourront empêcher que les trois Curiaces Ne servent leur pays contre les trois Horaces. Flavian Contre eux ! Ah ! C'est beaucoup me dire en peu de mots. [...]
[...] Loin de le perdre, son héroïsme est alors à son comble, et grâce à lui, l'avenir de Rome et sa victoire future sont assurés. Cependant, c'est aussi à une victoire du libre arbitre sur la fatalité qu'assiste le spectateur, puisque les personnages peuvent choisir d'être ou non acteur de leur destin. On peut ainsi constater que dans cette tragédie, Corneille se refuse à faire de l'homme un simple jouet de la fortune, exploitant comme il aime à le faire, les règles de la tragédie jusqu'à leur limites. [...]
[...] Flavian Je viens pour vous l'apprendre. Curiace Eh bien, qui sont les trois ? Flavian Vos deux frères et vous. Curiace Qui ? Flavian Vous et vos deux frères. Mais pourquoi ce front triste et ces regards sévères ? Ce choix vous déplaît-il ? [...]
[...] Dés lors toute résistance devient totalement vaine. Il convient donc de tout sacrifier à la patrie. Horace atteint alors le stade ultime de l'héroïsme : celui du sacrifice, et même du sacrifice allègre, de l'individu à l'Etat. Il est dans un idéal de magnanimité, dans lequel le héros se sacrifie à une cause qui lui est supérieure. Il accepte aveuglement cette gloire avec joie non pas, comme on l'a vu précédemment, par inhumanité, mais parce qu'à partir du moment où il comprend que son destin est fixé, il préfère aller dans son sens plutôt que s'obstiner inutilement à le contrer. [...]
[...] Mais il leur faut s'extraire de ces liens qui les unissent, pour bien servir leurs pays. Or seul Horace va réussir à rompre ces liens comme il le dit vers 497, acceptant d' étouffer en [lui] tous autres sentiments pour se consacrer à la gloire qui lui est offerte. Il va donc trancher le discours comme il tranche ces liens, et déclarer Albe vous à nommé, je ne vous connais plus ce à quoi il se verra répondre Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue La symétrie entre les deux hommes est alors rompue, puisque là où Horace réussit à se détacher de tous sentiments qui pourraient le gêner dans sa lutte pour sa patrie, Curiace lui n'arrive pas à dépasser l'amitié qui le lie à celui qui sera à présent son adversaire. [...]
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