Dissertation sur le théâtre de Corneille et, plus particulièrement sur la pièce Horace. Dissertation posant la problématique de l'essence même de la pièce. En quoi est-elle symbolique de l'Hybris, de la démesure ? En quoi est-elle empreinte de raison et de clarté ?
[...] L'affrontement fratricide relaté par Horace fait écho à la situation de la France en 1636. Celle-ci était engagée dans une guerre contre l'Espagne, alors que Philippe IV et Louis XIII se trouvaient doublement liés, pour être marié chacun à la sœur de l'autre. A l'intérieur de la pièce, Corneille soulève le problème de la légitimité de la raison d'Etat et de ses limites : le héros doit-il aller jusqu'au meurtre de sa sœur au nom de l'honneur de la patrie ? [...]
[...] Enfin, il y a un effet d'ébranlement moral chez le spectateur. L'élévation héroïque des personnages entraîne l'admiration du public. Les spectateurs s'identifient à des personnages virtuels, démesurés dans leur rapport au monde et à l'histoire. Il y a donc une admiration certaine de la part du public, chacun aimerait pouvoir agir de manière aussi déterminée et exaltée. Toutefois, les spectateurs doivent garder de la distance, pour comprendre les systèmes de valeur des deux personnages. En effet, même si tout dans la pièce d'Horace semble excessif, outrancier, il ne faut pas négliger le raisonnement logique qui s'y inscrit. [...]
[...] Horace l'a bien compris et ne tue pas sa sœur dans un moment d'excès, il mesure son geste ; C'est trop, ma patience à la raison fait place. Vers 1319, Acte IV, Scène 5. La démesure n'est donc pas traitée par Corneille de l'extérieur. Il l'analyse de l'intérieur, en la développant jusqu'au bout de sa potentialité. Ses héros accomplissent la démesure avec une logique impassible. Ces personnages ne sont pas épris de plusieurs affections, il n'en choisissent qu'une et la mènent à son paroxysme. Ils deviennent eux- mêmes leur propre passion. C'est donc dans l'accomplissement, l'élévation héroïque des personnages qu'il y a démesure. [...]
[...] Enfin, la dimension politique n'est pas à négliger, le message transmis par la pièce est fondamental et en constitue également l'essence. Tout d'abord, Horace apparaît comme une réponse à la querelle du Cid où il lui était reproché de ne pas tenir compte des règles classiques. Il s'agit de son retour après trois ans de silence, Corneille a énormément travaillé sur ce problème : elles sont donc primordiales dans cette tragédie. En ce qui concerne l'unité de lieu, elle est bien respectée. [...]
[...] L'essence de cette pièce est un questionnement sur la détermination individuelle, la liberté d'accomplir sa passion, de se transcender, d'atteindre la démesure. Mais outre cette problématique primordiale, la question de l'Etat n'est pas à omettre. L'histoire des Horaces et des Curiaces entraîne une véritable réflexion sur la raison d'Etat, la naissance de la cité. Corneille, a voulu raisonner sur ce problème et témoigner ainsi de son ralliement aux idées politiques de son temps. [...]
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