Aujourd'hui nous sommes lors d'une répétition, à sept jours de la première représentation de Horace qui aura lieu le premier octobre 1641 au théâtre de la Lachoisière à Paris. Le metteur en scène de cette pièce a sur ses épaules un stress immense : il veut que la pièce soit parfaite. Il revoit avec Julia, la comédienne qui jouera le rôle de Camille, tout ce qui ne va pas dans la pièce. Pour l'instant tous se passe assez bien jusqu'à la scène 5 de l'acte IV. Beaucoup de choses ne vont pas dans la représentation de Camille...
- Non, non et non ! dit Corneille en s'énervant. Mais qu'est-ce que vous faites ? Vous ne mettez pas assez le ton. J'ai l'impression d'avoir une débutante devant moi ! (...)
[...] - Oui, mais il ne faut pas que j'exagère mon interprétation sinon le public ne va pas me prendre au sérieux. -Que nenni ! dit-il en coupant la parole. Vous savez, le vrai de la scène dépend souvent d'un jeu exagéré par le comédien. Je dis ça et vous verrez je ne serais pas le seul ! - Vous avez l'air si sûr de vous, alors je vais vous montrer comment une comédienne fait pour exagérer : Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! [...]
[...] Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur, Et préfère du moins au souvenir d'un homme Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome. - C'est bien je vois que tu as suivi les conseils que je vous avais fournis hier quand ont avais revu votre rôle. Camille à vous maintenant ! - Très bien : Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! - Arrêtez-vous là ! [...]
[...] Je vois que j'ai bien fait de choisir Julie Camefa et pas une autre. Continuez, je vous en prie. - Très bien : Que le courroux du ciel allumé par mes vœux Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre, Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir ! - Le dernier vers a mal été interprété. [...]
[...] - Ah non, je ne suis pas d'accord. Avec tous les mots violents que vous avez mis dans ce passe tels que : furie »tigre altéré de sang sa mort tue vous trouvez que je suis trop énervée. Mais c'est le sentiment qu'il faut avoir. Il colle parfaitement au texte. Je montre très bien la colère de Camille. - Stop, je ne veux plus en entendre. Je vous rappels que c'est moi le metteur en scène, c'est ma pièce et je décide comment celle-ci va se dérouler. [...]
[...] - Il faut que le Ah soit beaucoup plus long - Le Ah ne doit pas être très long car après ça va gâcher le mot traître qui suit, étant le mot le plus important car c'est le dernier de Camille, on doit le mettre en valeur. Je vais rejouer : Ah ! Traitre ! - Oui, vous avez raison comme cela c'est très bien, vous finissez en beauté. Marc terminez également en beauté vos vers. (Marc arrive en scène est dit ces répliques) Ainsi reçoive un châtiment soudain Quiconque ose pleurer un ennemi romain ! - Excellent ! En tous cas, je vous remercie à tous de vous être investis autant pour cette pièce. [...]
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