L'Homme et la Mer fait partie de la première des six sections, intitulée Spleen et Idéal, qui constitue une sorte de forme d'exposition au recueil Les Fleurs du Mal : c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète. Comme d'autres poèmes du recueil (L'Albatros, La Musique), il exprime la fascination de l'auteur pour la mer qu'il croit à notre image. Afin d'en rendre compte, Baudelaire lui a donné une structure en miroir où l'homme regarde son double comme un frère à la fois jumeau et ennemi (...)
[...] L'eau est le miroir de l'homme, le reflet de son cœur, de son esprit et de son âme. Par le biais de la poésie, elle permet de rendre compte de l'ambiguïté et de la violence des sentiments humains. Ce poème n'est pas sans rappeler le célèbre sonnet baroque de Pierre de Marbeuf au XVIIe siècle, À Philis dont les deux premier vers : Et l'amour et la mer ont l'amer pour partage / Et la mer est amère, et l'amour est amer évoque avec virtuosité les thèmes de l'eau et de l'amour. [...]
[...] Puis dans les deux dernières strophes, le tu est remplacé par vous, l'ensemble de l'homme et de la mer devenant alors fusionnel. Des prédilections communes On relève dans ce sens : - l'ambiguïté de certains termes, comme par exemple rumeur (vers7), pouvant s'appliquer à chacun. De même, certains mots semblent inversés : ainsi, rumeur et abîmes (vers 10) sont des rimes attribuées à l'homme alors que les termes s'appliquent à la mer ; alors que l'inverse est aussi vrai avec plainte (vers et richesses intimes (vers 11) - le champ lexical de l'amour très présent : chériras (vers contemples (vers embrasses et cœur (vers aimez (vers 15) - la liberté est une composante commune : l'homme est libre (vers tandis que la mer est indomptable et sauvage (vers par la métonymie de la plainte (vers - ils sont tous deux ténébreux et discrets (vers partageant les mêmes secrets (mis en évidence par le parallélisme de construction des vers 10 et 11 avec la tournure négative et la répétition de nul) et la même jalousie (vous êtes jaloux de garder vos secrets, vers 12) - ils ont enfin le même goût pour le néant : le carnage et la mort vers 15). [...]
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal, L'Homme et la Mer (XIV) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du Mal fut publié à Paris en 1857. Il donna lieu à un procès en août 1857 pour outrage à la morale religieuse ainsi qu'à la morale publique et aux bonnes mœurs Le poète fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans Les Épaves). [...]
[...] Le titre définitif, trouvaille qui est attribuée au critique littéraire Hippolyte Babou (1824- 1878), repose sur l'oxymore que Charles Baudelaire a tenu à entretenir durant toute sa vie littéraire. En effet, il considère la nature comme laide, par définition et la beauté comme artificielle. L'Homme et la Mer fait partie de la première des six sections, intitulée Spleen et Idéal, qui constitue une sorte de forme d'exposition au recueil Les Fleurs du Mal : c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète. [...]
[...] A B non A non B (le lecteur s'attend en fait à lire : Lutteurs éternels, frères implacables L'art du récit Comme cela a déjà été évoqué, dès le titre cette opposition est suggérée. Cependant, elle est cristallisée par le thème de la mort qui repose sur le champ lexical du combat et de la souffrance très présent dans la dernière strophe : combattez, pitié et remords (vers carnage et mort (vers lutteurs et implacables (vers 16). Conclusion Ainsi, si les doubles se confondent, on entrevoit les aspirations contradictoires de l'homme ainsi que la lutte entre le spleen et l'idéal. [...]
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