Dans le Chant XII de "L'Odyssée" d'Homère, Ulysse continue de raconter ses périples au roi des Phéaciens, Alcinoos. Pour rejoindre sa patrie, Ithaque, Ulysse a dû faire de nombreuses escales. Après avoir déclenché le courroux de Poséidon, le roi des Tempêtes, Ulysse et ses compagnons sont expédiés dans des endroits dont il n'auraient jamais dû revenir. C'est à partir de ce moment là qu'ils ont quitté la sphère humaine et font escale chez des créatures monstrueuses et divines. C'est pourquoi la première escale aurait dû être la dernière, mais grâce à sa métis d'intelligence supérieure, Ulysse s'en sort toujours indemne. L'île des Sirènes fait partie de ces nombreux dangers qu'Ulysse doit affronter pour rejoindre Ithaque ...
[...] L'Odyssée s'inscrit dans un temps mythique, qui n'est pas celui des hommes. Le monde mythique est un monde merveilleux où tout est toujours parfait et absolu. Ainsi la barque d'Ulysse, est caractérisée de robuste au vers 166. En effet, celle-ci ne pourrait être précaire, elle doit être forcément solide d'autant plus qu'elle appartient à un roi. Ce monde merveilleux va de pair avec l'omniprésence des dieux. En effet rien n'arrive par hasard dans le monde mythique totalement orchestré par les dieux. [...]
[...] Cicéron dans son ouvrage, Des Termes extrêmes des biens et des maux, s'est interrogé sur les raisons qui ont poussé Ulysse, et d'autres navigateurs, à vouloir connaître et entendre le chant des Sirènes. Ainsi Cicéron affirme : Il me semble bien qu'Homère a vu quelque chose de ce genre dans les vers qu'il consacra aux chants des Sirènes. Ce n'était, en effet, ni le charme de leur voix [ ] ni davantage l'originalité ou la variété de leur chant, qui appelait habituellement les marins de passage ! Non, c'est en affirmant qu'elles savaient beaucoup de choses qu'elles attiraient sur leurs rochers des humains désireux de savoir. [...]
[...] Néanmoins on sait par divers récits qu'il s'agit de créatures féminines présentant un buste de femme sur un corps d'oiseau. Ulysse ne fut pas le seul à avoir survécu à la rencontre des Sirènes. En effet les Argonautes y ont été également confrontés pendant leur quête de la Toison d'or. Ils ont réussi à triompher grâce à Orphée, qui chanta si bien et si fort qu'il couvrit les chants des Sirènes. Certaines versions racontent que suite à ces deux échecs, les Sirènes, vexées, se jetèrent à la mer pour y périr. [...]
[...] Comme les dieux et les monstres elles peuvent tout voir, rien ne leur échappe : [ ]ce navire bondissant/ ne leur échappe point De plus elles ont également la capacité d'identifier les navigateurs qui passent aux abords de leur île : Viens, Ulysse fameux Enfin elles semblent posséder un savoir aussi grand que les dieux. Outre le fait qu'elles revendiquent un grand savoir, on peut noter la répétition du verbe savoir dans les vers 189 : Nous savons en effet tout ce qu'en la plaine de Troie et 191 : nous savons tout ce qu'il advient sur la terre féconde Les Sirènes ont également un pouvoir de vie et de mort sur quiconque les approche, ou plutôt les entend. En effet, ces créatures sont dangereuses. [...]
[...] Le chant ci-contre, loue le héros de la guerre de Troie, Ulysse, et lui promet, s'il approche, un savoir encore plus grand que celui qu'il possède. Les Sirènes savent donc piéger leur proie par d'habiles paroles. Ces dernières font ici figure d'ensorceleuses et de séductrices. Elles n'hésitent pas à employer des adjectifs laudatifs comme fameux ou gloire éternelle pour s'adresser au héros. A mon sens, ce n'est pas un hasard si Homère a fait de ces monstres marins des créatures féminines. En effet, dans la Grèce antique les femmes étaient au mieux niées au pire diabolisées. [...]
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