Qu'y a-t-il de vrai dans nos histoires (romans) ?

Résumé du document

Le romancier contemporain Michel Tournier prétend tout inventer dans ses romans tels que Vendredi ou les limbes du Pacifique, ce roman inspiré de Robinson Crusoé, désormais inscrits dans la mémoire des adeptes de la littérature française.

De cette citation, de nombreuses interrogations nous viennent à l'esprit: un auteur pourrait-il réellement créer du début à la fin son oeuvre ? L'imagination d'un humain, et en l'occurrence d'un romancier, est-elle assez développée pour être capable de créer, indépendamment de la réalité, une oeuvre totalement inventée ?

Nous envisagerons donc dans un premier temps, le fait que les auteurs ont cette capacité à tout inventer dans leurs écrits. Puis, nous montrerons que d'autres grands noms de la littérature, certains ayant même la prétention ou plutôt la fierté d'avouer que tout est inventé, ont tout de même une source d'inspiration qui les ramène à la réalité (...)

Extraits

[...] Le lecteur pourrait pourtant penser qu'il a été inspiré par une de ses connaissances, puisqu'il est décrit avec soin comme dans cette longue phrase : Habituellement vêtu d'un habit bleu-barbeau, il prenait chaque jour un gilet de piqué blanc, sous lequel fluctuait son ventre piriforme et proéminent, qui faisait rebondir une lourde chaîne d'or garnie de breloques. Dans certains récits policiers aussi, on y trouve souvent de longues descriptions du caractère des personnages principaux, afin de planter le décor et de donner l'occasion au lecteur de mieux comprendre la suite des évènements. Et pourtant tout est imaginé. Dans les écrits d'Agatha Christie par exemple, ni l'histoire ni les personnages ne semblent vrais, et pour cause : ils sont inventés. [...]

[...] Soucieuse de rationalité, mais cultivant l'angoisse, la science-fiction tient à la fois du merveilleux et du fantastique. Micromégas, conte philosophique de Voltaire, a été considéré rétrospectivement, comme une des premières œuvres de science fiction. En effet, l'action, qui a lieu sur différentes planètes telles que Jupiter, Mars, Saturne, la Terre, permet de mettre en scène des personnages totalement imaginés, comme le Saturnien ou Micromégas, le géant sirien. Ce dernier montre la petitesse des humains par rapport à la grandeur de l'Univers. [...]

[...] Il n'a pas pu tout inventé , mais il a réinventé une réalité pour en faire un roman, une œuvre d'art. Il suit le conseil de Paul Valéry qui clama : Comment ne pas choisir le meilleur dans ce vrai sur quoi l'on opère ? Comment ne pas souligner, arrondir, colorer, chercher à faire plus net, plus fort, plus troublant, plus intime,, plus brutal que le modèle ? En littérature, le vrai n'est pas concevable . [...]

[...] Ce fait divers, qui se déroulait dans sa région : l'Isère, se rapportait à l'exécution d'Antoine Berthet. Stendhal plante avec précision le décor de la petite ville de Verrières sur le Doubs et la situation sociale et politique, définissant l'atmosphère dans laquelle se forme l'état d'esprit du héros : Julien Sorel, fils d'un scieur, qui se révèle très tôt doué pour les études. Il reprend donc exactement la même situation, en changeant le prénom du héros, et quelques autres détails. La vie de personnages extérieurs à celle de l'écrivain est sans doute une bonne source d'inspiration. [...]

[...] Il fait, de Confessions, une sorte de véritable journal intime, et plus précisément La Cinquième Promenade Il y décrit le séjour qu'il fit sur l'île Saint-Pierre du 12 septembre au 25 octobre 1765 le lac de Bienne, et y exprime de merveilleuses sensations de bonheur qu'il a pu éprouvé, mais aussi les regrets qui l'ont suivis : Quel était donc ce bonheur et en quoi consistait sa jouissance ? Je le donnerais à deviner à tous les hommes de ce siècle sur la description de la vie que j'y menais. On peut donc dire qu'il parle à cœur ouvert d'autant que son roman n'a pas été laissé au hasard pour établir son autobiographie. Autre autobiographe, Chateaubriand dans ces célèbres Mémoires d'outre-tombe. [...]