Histoire de la sexualité, tome 1, La volonté de savoir, Michel Foucault, 1976, scientia sexualis, pouvoir sur la vie, répression du sexe, implantation perverse, psychanalyse, bourgeoisie
Le sexe a-t-il réellement été réprimé depuis le XVIIe siècle ? On ne peut parler de répression du sexe.
- L'incitation aux discours : les discours sur le sexe, loin de se raréfier, se sont au contraire multipliés depuis trois siècles.
- L'implantation perverse : les discours sur le sexe, en formulant des interdits et des prohibitions, ont assuré l'implantation et la solidification des "perversions" qu'ils recensent. Ils ont créé ce qu'ils recensent.
[...] Il dénombre les figures des quatre grands ensembles stratégiques à l'œuvre dans le dispositif de sexualité : la femme hystérique, l'enfant masturbateur, le couple malthusien et l'adulte pervers Périodisation : Selon Foucault, il n'y eut pas une grande phase de répression sexuelle du XVIIème au XIXème siècle puis un assouplissement à partir de celui-ci. Loin de ne s'appliquer qu'aux seules classes dominées en vue de les soumettre aux logiques du capitalisme, le dispositif de sexualité fut inventé par la bourgeoisie non seulement pour se vivifier, se reproduire, s'assainir, être une classe forte, mais aussi et surtout pour se distinguer du prolétariat, pour se constituer en tant que classe. De même que le sang bleu était la marque distinctive de la noblesse, la sexualité saine constituerait la bourgeoisie en tant que classe. [...]
[...] Conclusion de la réflexion : le ‘sexe' en lui-même n'existe pas. Il s'agit d'une notion regroupant des réalités diverses (anatomiques, biologiques, hédonistes, comportementales, etc.), qui fut inventée dans le cadre du dispositif de sexualité pour rattacher celui-ci à une instance indépendante que le pouvoir chercherait tant bien que mal à contrôler : ce faisant, le pouvoir cache son ‘pouvoir' en se réduisant à la loi et l'interdit. Nous prêterions en outre au sexe le statut d'herméneutique de notre personne, de symbole intelligible de ce que nous sommes, d'où notre intérêt pour lui. [...]
[...] ‘Le' pouvoir aurait fait mine de réprimer la sexualité afin de dissimuler les dimensions de son action qui ne se limitent pas à l'interdit, à la loi. Depuis le XVIIème siècle et la prospérité qui l'accompagne en effet, ‘le' pouvoir vise à prendre en charge la vie, et le ‘sexe' relève de celle-ci. Si nous nous attachons à tant parler du ‘sexe', c'est parce qu'il nous est présenté comme la transposition intelligible de ce que nous sommes, de notre personne. [...]
[...] On ne peut donc faire l'histoire de la sexualité qu'en prenant en compte tous les mécanismes du pouvoir Méthode : Foucault fixe quelques règles de méthode liées au caractère ampliforme, multiple, et mouvant des rapports de pouvoir : a. règle d'immanence : pouvoir et savoir étant intimement liés, il convient d'étudier des foyers locaux de pouvoir-savoir. b. règle des variations continues : il n'y a pas d'un côté les détenteurs du pouvoir et de l'autre ceux qui y sont soumis. [...]
[...] III- Scientia sexualis : l'Occident moderne n'est pas régi par un ars erotica qui ferait du plaisir sexuel l'objet d'un savoir, mais par une scientia sexualis qui constitue le sexe en tant qu'objet de savoir au moyen de l'aveu coupable. Le sexe serait devenu le prisme par lequel le sujet s'interpréterait, se découvrirait : le sujet ne pourrait se connaître que grâce au sexe (ex : la psychanalyse, qui explique tout par le sexe). IV- Le dispositif de la sexualité : Pourquoi cette chasse à la vérité sur le sexe, cette volonté de savoir ? 1. [...]
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