Commentaire composé du sonnet "Heureux qui comme Ulysse", de Du Bellay, extrait des Regrets. Il contient tout le nécessaire pour élaborer un commentaire composé sur ce sonnet. Il est aussi très utile pour les révisions du Bac de Français.
[...] Le double adverbe "beaucoup davantage" clôt le quatrain avec une lourdeur qui révèle l'insistance, voire le poids de la nostalgie. Poids que confirme l'emploi du présent, opposé aux deux futurs : présent d'énonciation ou "présent étendu", il marque ici une certitude : celle du sentiment. Enfin, la cheminée qui fume et le clos (jardin muré) évoquent une intimité modeste mais chaleureuse : le séjour auprès du feu et celui sous quelques arbres familiers : le passage des saisons, leur retour . [...]
[...] Notons que le comparé réfère au pays natal de Du Bellay (dont il n'a que le souvenir) et le comparant à Rome (où il se trouve). La syntaxe se fait également elliptique : la première comparaison "occupe" deux vers : Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais romains le front audacieux, La comparaison suivante ne nécessite qu'un vers, mais la proposition comporte un verbe encore : Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine Dans le second tercet (ou le second "mouvement" du sizain), l'ellipse affecte le verbe, et chaque vers comporte une comparaison : Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la douceur angevine. [...]
[...] Les comparaisons sont en elles-mêmes "inégales" et fortement subjectives. Ainsi la première oppose-t-elle" le séjour qu'ont bâti mes aïeux" au "front audaci-eux (des palais romains)". Le terme de "séjour" ne réfère pas à un lieu désigné comme tel, mais selon son usage : un lieu où l'on séjourne, où l'on vit. Il s'oppose au "front", c'est-à-dire au fronton ou plutôt à la façade des palais romains. Que la façade seule soit évoquée laisse entendre, au choix, que les palais ne sont qu'apparence (on ne peut y vivre), ou qu'ils sont inaccessibles au commun des mortels. [...]
[...] mes aïeux - ardoise fine]. Que l'on se rappelle l'évocation du village, de la cheminée et du clos : Du Bellay oppose un lieu modeste où l'homme a sa place à un lieu prestigieux mais où l'on ne saurait vivre. Les comparaisons du second tercet poursuivent ce jeu d'oppositions, mais lui confèrent la dimension "nationale". Sont associés en effet le Tybre latin et le mont Palatin, deux lieux de grande notoriété : le fleuve qui traverse la Rome antique et la capitale de l'Occident chrétien, l'une des sept collines de Rome. [...]
[...] Conclusion Ce sonnet est éminemment "moderne". Par son sujet, ou "argument" : l'attachement au terroir natal, au point de magnifier ce terroir, est une idée neuve. Non que personne auparavant n'ait témoigné d'un tel attachement, mais personne n'avait osé comparer son terroir à la plus prestigieuse des cités de cette façon. C'est aussi la première fois qu'est affirmée de façon si claire la préférence pour un lieu où l'on puisse vivre avec agrément, comme le suggère" la douceur angevine", pour une vie "privée", entre ses parents, plutôt qu'à la recherche des vanités du monde (gloire, fortune, etc . [...]
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