Dès le XVIII° siècle, Rousseau et Goethe ont accordé une attention particulière aux émotions, à la souffrance. Le romantisme qui en est issu est symbolisé par son héros, avant tout un individu plutôt qu'un modèle, comme il devait l'être au siècle précédent. Aux personnages stéréotypés des XVIIe et XVIIIe siècles succèdent des héros singuliers, d'un genre nouveau : le héros romantique (...)
[...] Son attitude de refus et de mépris de la société, l'amènent souvent à vivre dans la solitude. Ces héros de la seconde vague cherchent, après avoir libéré l'art, à libérer le peuple. Parvenu à la fortune, l'ambitieux ne peut connaître que deux fins, l'une est idéaliste : par un ultime refus des compromissions, il redevient un exclu, comme Julien Sorel (Le rouge et le noir de Stendhal) qui n'accepte pas d'être gracié, et insulte l'ordre social avant de mourir. L'autre fin est matérialiste : le héros, enrichi, s'embourgeoise, mais il perd alors son caractère romantique. [...]
[...] Julien Sorel (Dans le rouge et le Noir de Stendhal) renonce à la carrière militaire pour se faire prêtre. Une sensibilité d'artiste. Si la supériorité des anciens héros tenait à leurs vertus guerrières (encore illustrées par les poèmes épiques de Victor Hugo et les romans historiques de Dumas), le héros romantique se distingue surtout par son extrême sensibilité, qui devient une valeur en soi. Elle fait parfois de lui un génie créateur, un poète, comme Chatterton dans le drame d'Alfred de Vigny. Ces héros de la première vague des romantiques tentent par là de libèrer les arts. [...]
[...] Le héros romantique est porté par ses désirs, ses défis mais il entre en confrontation avec la fatalité : il est sacrifié par l'histoire et souvent a une fin tragique : la mort. Dans le drame romantique, le héros en est l'élément perturbateur. Il représente d'un côté, une génération et d'autre part, c'est un être tourmenté qui semble voué à un destin tragique. Le reflet d'une génération Le héros romantique ressemble aux jeunes gens nés autour de 1800 : il partage leurs déceptions et leurs aspirations. Il est le héros idéal qui lutte non seulement pour l'indépendance, mais aussi contre la crise moderne des valeurs, l'injustice, l'ordre établi. [...]
[...] Il semble donc que le héros romantique soit plus attachant qu'exemplaire, plus humain que surhumain. Il est porté sur l'introspection, l'analyse de soi, qui conduit à la rêverie, à la nostalgie, à la mélancolie parfois. En effet, les personnages romantiques ont une histoire, une psychologie, bien avant qu'ils ne soient racontés dans un roman ce qui le rend proche de ses contemporains. De là viennent peut-être son succès et sa postérité : des héros de romans du siècle, comme le Grand Meaulnes d'Alain Fournier (1913) et Le roi des aulnes de Michel Tournier (1970), lui ressemblent par leur quête sentimentale, solitaire et tragique. [...]
[...] Le héros romantique ne connaît-il pas d'amour heureux ? Il s'éprend soit d'une femme rêvée, telle la Sylphide de Chateaubriand dans les mémoires d'outre-tombe, soit d'une femme inaccessible : mariée et vertueuse, comme Mme de Morsauf (dans le lys dans la vallée d'Honoré de Balzac) ou insensible à son amour, comme Aurélie (dans Sylvie de Gérard de Nerval). Parfois, au contraire, il est aimé mais incapable d'aimer, comme Adolphe de Benjamin Constant. Enfin, quand tout semble réunir les amants, un interdit religieux les sépare : consacrée à la virginité, Atala ne peut épouser Chactas (Atala de Chateaubriand). [...]
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