"Il y a des héros en mal comme en bien". Ce postulat que dresse François de la Rochefoucauld dans son ouvrage Maximes, peut s'avérer critiquable à de multiples égards, si l'on se réfère notamment à la définition historique du terme héros.
Néanmoins, on peut par convenance (tout du moins dans un premier temps) tenir pour acquis que le constat tiré de Maximes est exact.
Ainsi, on pourra être amené à se poser une autre question qui présente un intérêt particulier: est ce qu'un roman avec un héros positif présente plus d'intérêt que celui avec un héros négatif ? On sera amené naturellement à se prononcer sur notre citation de départ, a savoir s'il peut réellement exister un héros négatif (...)
[...] Partie Le héros positif forcément naïf. Le héros positif plus adapté à un public enfantin. Lorsque l'on fait référence à un héros de roman positif, on pense dans l'immédiat au personnage de Voltaire dans son roman Candide. Bien que le roman cité soit absolument remarquable, il nous permettra de baser notre pensée selon laquelle un héros positif dans un roman peut rendre celui-ci moins attrayant, justement parce que Voltaire nous montre dans son Roman l'absurdité du héros toujours positif (on pense notamment au passage du nègre de Surinam par exemple). [...]
[...] Si l'on confronte ces différents points du vue, on peut être assez facilement amené à conclure que les deux types de héros sont prétextes à des romans tout aussi remarquables: puisqu'ils présentent des intérêts opposé qui parfois même se recoupe : en effet le héros positif ne serait pas qualifié comme tel sans l'existence de son contraire, le héros négatif. Pour conclure, on peut reprendre une citation de Victor Hugo pour se demander si le héros de roman quel qu'il soit ne présente au final qu'intérêt moindre: La vie, le malheur, l'isolement, l'abandon, la pauvreté, sont des champs de bataille qui ont leurs héros; héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres. [...]
[...] Le héros est, à l'origine, le produit de l'union d'un dieu ou d'une déesse avec un être humain. En tant que tel il symbolise toujours la cohabitation de forces divines et humaine. Attribuer à quelqu'un le titre de Héros, c'est donc voir en lui quelque chose de semi-divin, de lumineux: ainsi selon la définition historique du héros, le héros positif dans un roman est toujours préférable au héros négatif, justement parce que le héros négatif n'est en réalité jamais un héros. [...]
[...] Souvent, le lecteur peut ou tente de se reconnaître dans ces personnages marquants. Tout l'intérêt du roman sera donc de pouvoir s'identifier au héros. Dans cette optique, il sera difficile de s'identifier au héros négatif, on peut même dire que le héros négatif ne peut exister selon notre définition actuelle de l'héroïsme. On entend aujourd'hui par héros en réalité le héros épique (confronté à des forces extérieures qui peuvent l'écraser, mais desquelles il triomphera), en oubliant le héros tragique ou dramatique. [...]
[...] La naïveté de l'héros étant proportionnelle a sa tendance a être toujours positif. Un roman dont le trait principal étant de nous présenter un héros toujours positif sera donc mieux adapté à un public plus jeune, ce sera alors un ouvrage pour enfant plutôt qu'un véritable roman (on exclura bien évidemment de ce constat le roman de Voltaire, qui par sa portée philosophique présente un intérêt tout autre). Pour préciser cette vision, on peut ajouter que le héros positif est bien souvent prévisible, il ne laisse pas de place à l'effet de surprise. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture