C'est en 1827, dans La Préface de Cromwell, que le drame romantique est théorisé. Ce genre s'inspire du mélodrame (datant du XVIIIème avec Guilbert de Pixerécourt comme chef de file) : l'intrigue tient une place importante, elle est rendue spectaculaire grâce aux jeux de scène, aux décors et aux costumes impressionnants. On cherche à recréer une vérité historique à l'aide de la "couleur locale" (Benjamin Constant) (...)
[...] Les personnages principaux sont très distinctifs les uns par rapport aux autres grâce au système des contraires : extrême jeunesse de Dona Sol s'oppose à l'extrême vieillesse de Ruy Gomez ou de la duègne ; le monde du pouvoir, avec le Roi et sa cour, s'oppose au monde de l'exil et des bannis avec Hernani. En dépit du dénouement sombre, Hernani fait passer un souffle de jeunesse sur le théâtre. Par ses hardiesses de ton, de style et de versification, le drame enthousiasme les Jeune France ; avec le lyrisme des sentiments simples, généreux et chevaleresques, avec sa tendresse, il reste entrainant, exaltant même. [...]
[...] Dès la première apparition d'Hernani, il s'impose comme l'un de ces héros soumis à une destinée : Je suis une force qui va L'amour et la mort de Dona Sol et Hernani sont fatals, ces deux éléments sont le moteur de l'intrigue. Hernani est la marche de deux êtres s'aimant vers l'au-delà. L'intrigue : Hernani retrace une histoire d'amour, mais aussi l'histoire d'un destin politique et d'une vengeance. Thème de l'amour est décliné en trois façons : - l'amour incestueux de Ruy Gomez - l'amour romantique et absolu d'Hernani - l'amour proche du donjuanisme de Don Carlos Thème de l'honneur : l'honneur est lié aux valeurs paternelles : Hernani doit venger son père pour honorer son nom. [...]
[...] La bataille d'Hernani : C'est ce troisième drame d'Hugo, Hernani, qui va forcer les portes de la Comédie française, citadelle des classiques qui recourt allègrement à la censure. Le soir de la première représentation, les Jeune France étudiant ou rapins comme Gérard de Nerval ou Théophile Gautier, mènent l'assaut contre les perruques (défenseurs du classicisme), et assurent le triomphe de la pièce. La versification : L'œuvre est entièrement composée en alexandrins, mais Hugo l'émiette (parfois mot par mot il utilise l'alexandrin ternaire sans césure à l'hémistiche le plus souvent : Je veux disloquer ce grand niais d'alexandrin Il fait une utilisation courante du rejet et du contre rejet, image les discours par de nombreuses métaphores, comparaisons ou oxymores. [...]
[...] Le théâtre d'Hugo : Dans ses pièces, Hugo utilise tour à tour le vers, (Hernani, Ruy Blas, Manon de Lorme), ou la prose, (Lucrèce, Borgia, Angelo). Cependant, la prose a des tendances plus mélodramatiques et permet moins le mélange des genres, (pièces uniformément sombres), alors que la poésie transfigure son théâtre : elle est tantôt lyrique tantôt épique et permet l'union des contraires : la poésie est harmonies des contraires L'action : En général, l'intrigue est serrée, brillante et riche en rebondissements, les péripéties sont émouvantes et le dénouement est frappant, bien que parfois surchargé (dans Cromwell par ou manquant de vraisemblance (dans Hernani, le héros voulant abattre le roi ne peut jamais le faire lorsqu'il est face à lui car un incident survient toujours). [...]
[...] On cherche à recréer une vérité historique à l'aide de la couleur locale (Benjamin Constant). Victor Hugo, dans cette préface, distingue trois âges dans l'humanité : les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques Il ajoute d'autre part qui le drame tient de la tragédie par la peinture des passions et de la comédie par la peinture des caractères Il impose ainsi le mélange des genres (et s'oppose par là de Stendhal), et veut peindre la réalité sous une forme libre et souple. [...]
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