En février 1915, Guillaume Apollinaire se trouve à Nîmes, où il suit en tant qu'engagé volontaire une préparation militaire. La menace de la guerre est pour lui d'autant plus pesante qu'elle s'accompagne de la souffrance d'avoir été abandonné par Louise de Coligny-Châtillon, surnommée Lou, avec laquelle il a eu une liaison aussi passionnée qu'éphémère. Il lui adresse, pendant un an, une correspondance enflammée et pathétique, qui sera en 1969 réunie à titre posthume sous le titre de Poèmes à Lou (...)
[...] Commentaire de texte: Vous commenterez le poème de Guillaume Apollinaire, Adieu Poèmes à Lou (1915). Introduction En février 1915, Guillaume Apollinaire se trouve à Nîmes, où il suit entant qu'engagé volontaire une préparation militaire. La menace de la guerre est pour lui d'autant plus pesante qu'elle s'accompagne de la souffrance d'avoir été abandonné par Louise de Coligny-Châtillon, surnommée Lou, avec laquelle il a eu une liaison aussi passionnée qu'éphémère. Il lui adresse, pendant un an, une correspondance enflammée et pathétique, qui sera en 1969 réunie à titre posthume sous le titre de Poèmes à Lou. [...]
[...] Bien sûr, Apollinaire n'est pas au front. Engagé volontaire, il suit une formation militaire à Nîmes dans le Gard mais cette formation, dans l'artillerie, comme le précise la 2e strophe, va l'amener bientôt sur le théâtre des opérations, où il sera gravement blessé par un éclat d'obus, le 17 mars 1916. Pour l'heure, il faut se plier aux nécessités de la caserne : On va rentrer après avoir acquis du zan la réglisse étant destinée à oublier fugitivement la dure réalité de la caserne. [...]
[...] la strophe suivante : La nuit mon cœur la nuit est très douce et très blonde/ * + le ciel est pur aujourd'hui comme une onde Cette nuit, pourtant douce, déclenche la tristesse, car L'heure est venue adieu l'heure de ton départ : ce départ n'est pas le moment où Lou l'a abandonné, mais correspond à la prise de conscience de la séparation. Il est temps désormais de quitter la rêverie amoureuse et les regrets qui rendent si présent le souvenir de Lou, pour revenir à la dure réalité de la menace guerrière. [...]
[...] Toi et moi C'est surtout la deuxième personne qui domine le poème dont le premier et l'avant-dernier tercet s'organisent autour d'une apostrophe ou d'une invocation à Lou. Le poète supplie son aimée de lui écrire, et c'est d'ailleurs la seule occurrence du pronom personnel je Les indices de la première personne sont comme étouffés (pronom possessif le mien c'est-à-dire le cœur du poète, qui se désigne ainsi par synecdoque, dans sa partie la plus sensible et le plus déchirée par l'absence ; adjectif possessif ma chérie expression qui rappelle tendrement à Lou que le poète l'a possédée, hélas de manière fugitive On remarquera d'ailleurs que puisque le poème est construit selon le procédé de l'acrostiche, le O de L O U renvoie soit à ce OU vocatif de l'apostrophe, soit à un On amalgamant le je dans la troupe des soldats. [...]
[...] La lettre et l'absence Le cœur du poète essaie en imagination de rejoindre la belle fugitive, quelle que soit la distance qui l'en sépare, et même si les réalités de la guerre s'imposent On va rentrer La construction en acrostiche fait aussi apparaître de manière systématique, dans le U de L O le déterminant indéfini un ou une indices désolants de la solitude du poète. Il ne peut que supplier : Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie cri déchirant d'un cœur solitaire et abandonné c. Une lettre-poème Chantre de la modernité poétique, Apollinaire a ouvert les voies de la poésie du XXe siècle, et en particulier celles du surréalisme. Il ne dédaigne pour autant ni les virtuosités permises par la métrique. L'acrostiche, forme particulièrement prisée par les grands rhétoriqueurs au XVe siècle, lui permet de structurer ce poème de facture régulière. [...]
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