Commentaire composé de l'article de Voltaire publié dans le dictionnaire philosophique portatif intitulé Guerre.
[...] La religion accorde ainsi au pouvoir la justification dont il a besoin. La désignation des religieux est polémique : harangueurs que l'on paye, ces gens-là misérables médecins des âmes philosophes moralistes Le champ lexical de la religion est systématiquement associé à celui du Mal par une série d'antithèses qui mettent en évidence les contradictions du religieux : infernale / fait bénir l'utilisation systématique de contrastes ironiques entre la violence de la guerre et les rites religieux (réduits la plupart du temps à des manifestations festives aux accents païens) exterminer son prochain comble de grâce / ville détruite la même chanson sert pour les mariages et pour les naissances, ainsi que pour les meurtres (le Te Deum n'est plus qu'une vulgaire chanson Voltaire lui refuse tout caractère sacré et l'associe peut-être même aux chansons paillardes, célébrer / journées meurtrières description grotesque du Te Deum (fausse naïveté qui permet à l'ironie voltairienne de mieux se déchaîner) description grotesque des cérémonies et des vêtements traditionnels dans le 2ème paragraphe. [...]
[...] Voltaire va plus loin dans sa critique de la guerre et désigne ceux qui en sont selon lui responsables : ceux qui gouvernent et la religion. II. UN PAMPHLET CONTRE LES RESPONSABLES DE LA GUERRE 1. les rois / les responsables politiques : de vulgaires hommes, au pouvoir monstrueux la tonalité agressive du texte tient aux désignations des rois, jugés responsables de la mort inutile de milliers d'hommes. Le substantif attendu, roi n'apparaît d'ailleurs pas une seule fois dans l'extrait et Voltaire lui préfère celui de chef des meurtriers l.1, répété l.2. [...]
[...] la colère de Voltaire éclate à l'avant dernier paragraphe avec la double apostrophe aux religieux + vous + antithèse cinq quarts d'heures sur quelques piqûres d'épingles / vous ne dites rien sur la maladie qui nous déchire en mille morceaux Violente critique de la complicité et de l'hypocrisie de la religion vous ne dites rien Il s'agit du Te Deum, chant d'action de grâce et de louanges en latin. Le latin. Faute grossière de langage, emploi de mots inventés ou déformés. Nom ancien de la Rhénanie, région allemande du Rhin. Fard à joue. Deux grandes tragédies de Racine. [...]
[...] du pluriel puis au je dans le dernier paragraphe. Mais ce n'est pas celui de l'auteur. Voltaire imagine ici le discours d'un jeune soldat de vingt ans et le prend en charge au moyen d'une prosopopée. Le paragraphe est constitué d'une seule question rhétorique qui laisse éclater le sentiment d'absurdité et d'horreur de ce soldat imaginaire dans le but d'émouvoir profondément le lecteur. Le registre pathétique repose ici sur la mise en relief de scènes de guerre déchirantes des enfants expirants sous les ruines une demi-livre de plomb me fracasse le corps je meurs à vingt ans dans des tourments inexprimables mes yeux qui s'ouvrent pour la dernière fois les derniers sons et l'emploi abondant d'un lexique de la souffrance. [...]
[...] [ ] Misérables médecins des âmes, vous criez pendant cinq quarts d'heure sur quelques piqûres d'épingle, et vous ne dites rien sur la maladie qui nous déchire en mille morceaux ! Philosophes moralistes, brûlez tous vos livres. Tant que le caprice de quelques hommes fera loyalement égorger des milliers de nos frères, la partie du genre humain consacrée à l'héroïsme sera ce qu'il y a de plus affreux dans la nature entière. Que deviennent et que m'importent l'humanité, la bienfaisance, la modestie, la tempérance, la douceur, la sagesse, la piété, tandis qu'une demi-livre de plomb tirée de six cents pas me fracasse le corps, et que je meurs à vingt ans dans des tourments inexprimables, au milieu de cinq ou six mille mourants, tandis que mes yeux, qui s'ouvrent pour la dernière fois, voient la ville où je suis né détruite par le fer et par la flamme, et que les derniers sons qu'entendent mes oreilles sont les cris des femmes et des enfants expirants sous des ruines, le tout pour des prétendus intérêts d'un homme que nous ne connaissons pas ? [...]
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