Karl Polanyi explique ce qui s'est passé dans l'économie britannique depuis le 17ème siècle à partir du traité sur les enclosures. Il analyse le système de marché autorégulateur de sa
naissance jusqu'à sa mort. De ce système résulte la séparation de l'économie et de la société qui se soumet alors au marché.
Il débute son ouvrage en présentant la situation politique du 19ème et du début du 20ème siècle qu'il appelle « paix de 100 ans » et reposant sur quatre piliers : le système de l'équilibre
des puissances, l'étalon-or international, le marché autorégulateur et l'Etat. La matrice du système est le marché autorégulateur. Le déséquilibre entre nations au sortir de la guerre fait imploser le système.
[...] On assiste à cette époque à leur marchandisation. Polanyi explique alors pourquoi ce nouveau statut conduit à l'anéantissement du travail et de la nature. Pour l'auteur inclure le travail et la terre dans le mécanisme de marché, c'est subordonner aux lois du marché la substance de la société elle-même Aucun des trois éléments n'est produit pour la vente, on ne peut donc les qualifier de marchandises. A notre époque, le travail, la terre et la monnaie étant inexorablement encastrés dans le marché, c'est de la naissance d'autres marchandisations dont on peut s'inquiéter : la culture, la santé, l'éducation, les services publics de manière générale. [...]
[...] C'est ce que Polanyi appelle la grande transformation, c'est à dire la mort du libéralisme et l'avènement du totalitarisme national socialiste. Le pouvoir s'offre alors à ceux qui proposaient une issue facile quel qu'en fut le prix ultime Le fascisme pouvait s'installer. La civilisation du 19ème siècle n'a pas été détruite par les barbares, les guerres, les révolutions ou les lois de l'économie mais par la société elle-même dans sa tentative de résistance au système du marché autorégulateur. On voit ici que cet ouvrage est parfaitement d'actualité, à l'heure où la contestation anti-capitaliste se développe au niveau mondial dénonçant les dérives de la société de marché plus que de l'économie de marché. [...]
[...] A partir de là, il y a tentative de mondialisation du marché. Pourtant la non-adaptation des peuples colonisés au marché autorégulateur montre que celui-ci n'est pas naturel. L'Homme n'est pas fait pour vivre dans un système de marché autorégulateur. En effet, son installation requiert la destruction des sociétés traditionnelles où il n'est pas menacé par la faim, car seule la faim incite à vendre son travail et non l'appât du gain. La situation économique du début du 19ème siècle influence sur la politique. [...]
[...] Une réaction et un contrepoids à ces dangers pour la démocratie deviennent vitaux. On observe ainsi un renouveau de la critique sociale comme le montrent L. Boltanski et E. Chiapello dans le nouvel esprit du capitalisme alors que le projet de Pierre Bourdieu d'un mouvement social européen (Le Monde Diplomatique, juin 1999) souhaite et peut contribuer à sortir la société de la vulgate néo-libérale, orthodoxie économico-politique si universellement imposée et si unanimement admise qu'elle paraît hors des prises de la discussion et de la contestation. (P. [...]
[...] Bourdieu, Contre Feux 2). Le livre de Polanyi a le grand mérite de nous montrer les dangers d'une société paralysée et il doit permettre, encore et surtout à l'heure actuelle, de mobiliser cette même société sur son avenir. [...]
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