Le mythe est un récit légendaire transmis par la tradition, qui, à travers les exploits d'êtres fabuleux - héros et divinités - fournit une tentative d'explication des phénomènes naturels et humains. Au fur et à mesure des siècles, certains mythes sont repris, embellis, complétés et adaptés à l'époque. Ainsi, un même mythe peut survivre au temps. Il est certes modifié, mais il reste quelques traces des origines. Nous pouvons ici prendre l'exemple du mythe des Euménides que Giraudoux reprend au XXème siècle. Mais nous pouvons nous demander si Jean Giraudoux, par sa reprise originale du mythe des Euménides, ne recrée pas totalement le personnage.
Nous verrons donc tout d'abord la reprise du mythe des Euménides par Jean Giraudoux, puis les différentes interprétations de la Justice par ces déesses, et enfin, leur incarnation de la fatalité (...)
[...] Tout d'abord, les Euménides usent de différents niveaux de langage. En effet, dans la scène d'exposition, elles usent à la fois du langage soutenu, et à la fois du langage familier. Par exemple, lorsqu'elles déclarent, Le voilà, monsieur, votre palais d'Agamemnon elles usent du langage soutenu avec le terme monsieur et du langage familier en citant le palais par un nom. De plus, leur langage est des plus énigmatiques. En effet, dans l'exemple précédent, le vôtre ne pourrait- il pas désigner l'appartenance du palais à Oreste ? [...]
[...] La fatalité venant du latin "fatum", ce qui est inéluctable, ce qui est lié au destin, est un thème majeur dans les tragédies classiques, on retrouve cette notion dans Electre de Giraudoux à travers les Euménides. En effet, tandis que que Cassandre déclare dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Giraudoux que le destin "c'est simplement la forme accélérée du temps", on découvre dans Electre, dès la scène d'exposition, "trois petites filles" qui affirment, pleines de conviction, "demain nous serons grandes" (propos avancés par la première petite fille ainsi que la deuxième). [...]
[...] Le spectateur se sent donc impuissant : maintenant qu'il connaît le devenir de la pièce il est obligé de regarder ce qui se passe, sans pouvoir agir. Les Euménides incarnent la fatalité, leur fonction est de faire appliquer la vengeance due, or, ici, dans la pièce de Giraudoux, elles semblent vouloir mettre fin à cette vengeance cyclique, à cette loi du sang qui s'acharne inexorablement sur les descendances suivantes. En effet, à l'image de leur surnom "Euménide", il semble se dégager de leurs actes un souffle de bonté, de justice à hauteur humaine. [...]
[...] L'histoire des mythes constate qu'Euripide est le premier à préciser que celles-ci sont au nombre de trois. Suite à ce détail, les Erinyes traversent le temps et les mythes toutes les trois; des récurrences apparaissent, telles que le nom que Virgile leur donne: Tisiphone (la Vengeresse du meurtre), Mégère (l'Ensorceleuse) et Alecto (l'Implacable); mais aussi leur description, elles ont alors de grandes ailes, des serpents pour cheveux, des fouets et des torches ainsi que du sang qui coule de leurs yeux. [...]
[...] / tout enfant ; et cela à l'image du destin omniprésent. Ainsi, les Euménides sont la personnification de la fatalité. En incarnant la fatalité, elles ont donc une relation au temps particulière : tout d'abord, au fil de l'œuvre, les Euménides grandissent : dites petites filles au début, elles se métamorphosent en Electre par la suite. Ensuite, elles ont une relation particulière avec le passé. En effet, elles sont jeunes, ce ne sont que des petites filles et pourtant elles connaissent un passé, une histoire bien antérieure à leur âge. [...]
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