- Tristesse et lamentations teintées d'amertume laissent place au désespoir. Le jardinier aimait Electre et regrette de l'avoir perdu. Il ne souhaite pas renoncer à elle mais doit se rendre à l'évidence (''Jamais je ne me résoudrai à épouser une autre qu'Electre, et jamais je n'aurai Electre'').
- Victime de son rang social, celui-ci ne lui permet pas de revendiquer la main de la fille du roi de Mycènes, Agamemnon. Le jardinier voit son rêve de vivre avec Electre s'effondrer (''je suis créé pour vivre jour et nuit avec une femme, et toujours je vivrai seul'') (...)
[...] Ce n'est pas dans le rôle d'un jardinier de demander de Dieu un orage, même de tendresse. Et puis, c'est tellement inutile. On sent tellement qu'en ce moment, et hier, et demain, et toujours, ils sont tous là-haut, tous autant qu'ils sont, et même s'il y en a qu'un et même si cet un est absent, prêt a crier joie et Amour. C'est tellement plus digne d'un homme de croire les dieux sur parole, - sur parole est un euphémisme, - sans les obliger à accentuer, à s'engager, à créer entre les uns et les autres des obligations de créancier à débiteur. [...]
[...] Sûrement on ne peut dire qu'Electre soit l'amour même pour Clytemnestre. Mais encore faut-il distinguer. Elle se cherche une mère, Electre. Elle se ferait une mère du premier être venu. Elle m'épousait parce qu'il le sentait que j'étais le seul homme, absolument le seul, qui pourrait être une sorte de mère. Et d'ailleurs je ne suis pas le seul. Il y a des hommes qui seraient enchantés de porter neuf mois, s'il le fallait, pour avoir des filles. Tous les hommes. [...]
[...] La Tragédie parvient à transformer les sentiments les plus cruels et violents en amour en dépit des actes sanglants une entreprise d'amour, la cruauté . pardon, je veux dire la Tragédie''). b. Giraudoux glisse de la poésie à l'écriture en jonglant habilement entre sens propre et sens figuré, notamment grâce à la théorie de la réversibilité des choses (une chose existe seulement par la confrontation de son contraire; ce qui donne vie au paradoxe). À noter que ces paradoxes sont exprimés par le jardinier qui dit ''toujours un peu le contraire de ce qu'[il] veu[t] dire''. [...]
[...] B Electre, la figure du paradoxe par excellence a. Electre n'est pas un corps à proprement parler, il n'y a aucune humanité en elle. Elle relève d'un Idéal, ses préoccupations s'inscrivent essentiellement dans une logique de transcendance, c'est une ''grande indifférence'' que la relativité humaine laisse de marbre. b. En épousant Electre, le jardinier épouse un MOT, une entité qui touche à un Absolu ie désintéressée des réalités humaines, triviales. Le chien dont Giraudoux rapporte les pensées au style direct ne s'y trompe pas: nous a promis une mariée, il nous amène un ''mon maître s'est marié à un mot; il a mis son vêtement blanc, celui sur lequel mes pattes marquent, qui m'empêche de le caresser, pour se marier à un mot''. [...]
[...] Plan de commentaire composé Giraudoux, Electre (1937), le lamento du jardinier Moi je ne suis plus dans le jeu. C'est pour cela que je suis libre de venir vous dire ce que la pièce ne pourra pas vous dire. Dans de pareilles histoires, ils ne vont pas s'interrompre de se tuer et de se mordre pour venir vous raconter que la vie n'a qu'un but, aimer. Ce serait même disgracieux de voir le parricide s'arrêter, le poignard levé, pour vous faire l'éloge de l'amour. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture