Si l'on résume Regain, on met clairement en évidence la dimension allégorique de l'histoire : un homme presque redevenu sauvage est le dernier habitant d'Aubignane, âpre village des Alpes de Haute Provence promis à la mort par l'exode rural. Cet homme rencontre une femme : par amour pour elle et par son amour, il va redonner vie au village grâce à un travail qu'aucun homme ne pourrait en réalité accomplir seul. Vue de façon aussi dépouillée l'histoire semblerait simpliste. En outre on y croirait à [...]
[...] L'amour, le travail, la terre : ces thèmes éternels se combinent et aboutissent à une morale digne de figurer à la fin d'une fable. Si l'on envisage la construction dramatique, on découvre que tout est organisé de façon binaire : les tableaux qui ponctuent le déroulement de l'histoire se répondent comme des diptyques. Dans le premier chapitre on découvre le village de loin et il ne suggère aucune vie : "Alors, l'oncle, c'est là-bas, Aubignane, là où ça a l'air tout mort?" Même aux alentours, la vie semble avoir déserté : "Un chemin ouvre sa bouche u ras de la route. [...]
[...] Tout le monde en parle.[ . ] ç'est un blé de concours." Cet acharnement et ce succès entier sont d'autant plus exemplaires que Panturle opère un changement imprévisible dans son mode de vie ; il ne connaît rien à la terre au départ et d'ailleurs Lamoureux le lui fait remarquer : "Tu es plutôt chasseur!"Il faut qu'il bénéficie d'une sorte de révélation pour être aussi efficace ; tout cela est donc bien de l'ordre de l'utopie. Si les grands moments qui ponctuent le récit en font un apologue, on retrouve dans les détails de l'histoire un recours quasi systématique à l'allégorie. [...]
[...] Elle se retrouve dans l'Histoire et cela pour s'opposer le plus souvent à une idéologie ambiante. C'est en rupture avec "Le mondain" que Voltaire choisit de "cultiver [son] jardin" ; c'est en rupture avec la société de consommation qu'émerge le modèle de Lanza del Vasto à la fin des années soixante et au début des années soixante - dix. Paradoxalement on a reproché à Giono d'avoir en quelque sorte annoncé que "la terre ne ment pas". Il ignorait à ce moment - là qu'il serait victime de cet amalgame et associait à la terre la femme pour " l 'avenir de l'homme" et nous offrir une fable, tout empreinte de réalisme pourtant : Gégémus et Arsule traversant le plateau mettent leurs pas dans ceux de Giono qui arpentait le plateau au - dessus de Banon. [...]
[...] Giono t-il conçu Regain comme un apologue? Nous verrons que la trame narrative est celle d'une utopie. Ensuite, nous montrerons que le récit est jalonnée d'allégories. Si l'on résume Regain , on met clairement en évidence la dimension allégorique de l'histoire : un homme presque redevenu sauvage est le dernier habitant d'Aubignane , âpre village des Alpes de Haute Provence promis à la mort par l'exode rural. Cet homme rencontre une femme : par amour pour elle et par son amour, il va redonner vie au village grâce à un travail qu'aucun homme ne pourrait en réalité accomplir seul. [...]
[...] La corde du poignet vibre et il la tire vers lui. Elle glisse dans l'herbe et la voilà." Cette intimité immédiate se rapproche de la théorie platonicienne de l'amour et on peut dire qu'Arsule et Panturle ne se sont pas rencontrés mais reconnus. Le quotidien du couple va être agrémenté de symboles qui ramènent aux origines du monde : l'une des première nouveautés sera le feu : "Arsule a dit un jour, si on avait des allumettes.[ . ] Panturle est parti de bonne heure par les collines [ . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture