Les Faux-monnayeurs est le titre d'un roman écrit par André Gide en 1925. L'auteur dira de cette oeuvre que c'est le seul roman qu'il ait jamais écrit. Ce roman est considéré comme l'un des plus importants du XXème siècle, précurseur du mouvement littéraire le Nouveau Roman.
L'écrivain construit la troisième partie de son roman autour du thème du suicide des adolescents avec comme point culminant la tragédie du petit Boris. Cet épisode est inspiré d'un fait divers, que Gide tire du Journal de Rouen relatant le suicide du jeune Nény (...)
[...] L'écrivain construit la troisième partie de son roman autour du thème du suicide des adolescents avec comme point culminant la tragédie du petit Boris. Cet épisode est inspiré d'un fait divers, que Gide tire du Journal de Rouen relatant le suicide du jeune Nény. Dans le roman, trois adolescents de l'institut Vedel ont imaginé une confrérie fictive ayant pour devise : «L'homme fort ne tient pas à la vie Les trois conjurés attirent Boris dans leur groupe et manigancent un tirage au sort fixant lequel d'entre eux devra, en pleine salle d'études, mettre un pistolet déchargé sur sa tempe. [...]
[...] On a dans cette scène une véritable conscience tragique qui s'installe avec Phiphi, Ghéri, Georges, Gontran et La Pérouse qui guette le condamné Boris allant au supplice. Boris serait donc le héros tragique impuissant et désarmé, conscient des forces qui pèsent sur lui : Boris était affreusement pâle ; forces qui le dépassent et le dominent malgré la résistance dont il tente de faire preuve : il faisait effort pour penser et ne pouvait penser à rien. Le pistolet pesait dans sa poche ; pris au piège dans une destinée inévitable : Encore cinq minutes Il est intéressant d'observer comment Gide met en place cet enchaînement inéluctable, fatal, qui conduira à la mort de Boris. [...]
[...] III La réécriture d'un fait-divers, Gide et son personnage-romancier Ce suicide-fait divers permet à Gide de prendre définitivement ses distances avec Edouard alors que le suicide tenté par Olivier au chapitre 9 le rapprochait d'Edouard. De même, il est intéressant de noter qu'un premier fait divers (Bernard se procure une fausse pièce chez l'épicier) écartait Bernard d'Edouard car selon ses termes, cette pièce trop réelle le gène (p.190). Le suicide de Boris est trop peu motivé au goût d'Edouard, indécent car inattendu, il ne s'en servira pas pour ses Faux-Monnayeurs : «J'ai trop de mal à le comprendre [ il m'apparaît comme une indécence, car je ne m'y attendais pas. [...]
[...] C'est que pour Gide, le suicide est vraiment le fait divers par excellence, en effet, on peut dire que tout ce qui constitue le fait divers se manifeste à l'extrême : un certain vertige une angoisse intolérable un certain mélange de banalité et d'exception le suicide de Boris m'apparaît comme une indécence, car je ne m'y attendais pas une certaine brutalité qui déréalise le réel outrageusement réel Ainsi, il ne manque pas l'occasion de faire de cette situation un moment fort de l'écriture de son roman ; d'ailleurs, en tant que lecteur, on sent Gide passionné (voire l'analyse de la théâtralité tragique vue auparavant). CONCLUSION Cette dénégation-relégation réussie apparaît comme une ruse supérieure du roman, qui fait du refus de l'un, véritable suicide littéraire, le triomphe de l'autre. Il apparaît surtout comme une ruse du romancier, qui s'offre par là un dénouement-éclair, à la fois nécessaire, intense et énigmatique. Gide suicide son texte et son personnage comme Ghéridanisol suicide Boris : sans remords. [...]
[...] Comme si Dieu ne voulait pas me laisser partir. Imaginez une marionnette qui voudrait quitter la scène avant la fin de la pièce . Halte-là ! On a encore besoin de vous pour le final. Dit-il au chapitre 3 de la troisième partie. Pourtant, cette scène est aussi celle de l'ambiguïté et de la contre- nature. [...]
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