Les pronoms "je" et "me" ancrent le texte dans la subjectivité du narrateur, qui ici se confond avec l'auteur : c'est le principe de l'autobiographie. Cette première phrase résonne comme un pacte de lecture adressé à son lecteur. L'emploi du futur avec "J'écrirai" sert à décrire la manière dont il va procéder pour son récit. On a bien une autobiographie, avec "mes souvenirs", mais ce n'est pas une autobiographie chronologique et ordonnée : "comme ils viennent, sans chercher à les ordonner". Il revendique une écriture au fil de la plume et de la mémoire. C'est peut-être un choix esthétique, mais il évoque des raisons plus pragmatiques, comme la difficulté à se rappeler des faits éloignés (...)
[...] -puis au discours indirect libre: Certainement mon souvenir devait être des " retraites aux flambeaux " qui, tous les samedis soir, remontaient ou descendaient la rue de Crosne après que les Allemands avaient depuis longtemps déjà vidé la ville. L'adverbe certainement montre le poids de la vérité qui s'impose. Le discours direct commence à s'immiscer avec retraites aux flambeaux qui est entre guillemets. L'expression depuis longtemps déjà introduit une chronologie, ce qui semble si difficile au narrateur. On remarque l'emploi du plus que parfait avec avaient organisé ce temps évoque les faits antérieurs au passé du narrateur, qu'il n'a pas pu connaître ou comprendre. [...]
[...] On trouve également la métaphore de la vue: regard distance examen reconnaîtra proche On remarque une antithèse entre regard et examen et une autre entre reculerait et proche qui montrent la disproportion entre souvenirs et réalité, et qui disent que la mémoire est trompeuse. C'est ainsi que je suis resté longtemps convaincu d'avoir gardé le souvenir de l'entrée des Prussiens à Rouen. Cette phrase, par le C'est ainsi qui l'ouvre et les deux points qui la ferment, introduit un exemple pour illustrer la théorie de l'auteur. On remarque le temps employé avec je suis resté et avoir gardé on est dans le passé simple, qui introduit un temps antérieur à l'énonciation: on entre dans le passé, le souvenir, qui est l'objet de l'autobiographie. [...]
[...] Est-ce que le lecteur est inclus? Le on aurait alors une fonction d'hypotypose, c'est à dire qu'il sert à mettre la description sous les yeux du lecteur, comme s'il y avait assisté. Avec le on, il y a peut être aussi l'idée d'un manque de précision sur la personne, qui souligne le flou du souvenir. Il y a une situation topographique de plus en plus précise: Rouen puis rue de Crosnes puis les maisons qui ancre le texte dans le réel. [...]
[...] Ce texte résume donc le processus de la recherche de la mémoire: -présentation des souvenirs, -témoignage de quelqu'un de fiable, -déclic, événement qui remet les choses en place. De là ce besoin inconscient de le reculer à l'excès afin que le magnifiât la distance. Cette phrase résonne comme la conclusion de l'extrait, amenée par le De là qui indique la leçon à tirer de cet épisode. On remarque le retour à la métaphore de la vue et de la distance. [...]
[...] C'est le passé lointain antérieur au souvenir. -et enfin au discours direct: - C'était là ce que nous te faisions admirer du balcon, en te chantant, te souviens-tu : Zim laï la ! Zim laï la Les beaux militaires ! On voit que le discours de la mère s'affirme de plus en plus, puisqu'on a eu d'abord du discours indirect, puis du discours indirect libre et enfin du discours direct: le discours de la mère finit par remplacer celui du narrateur, comme une évidence qui s'impose. [...]
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