Lorsque George Dandin reçoit chez lui ses beaux-parents, le conflit est inévitable et l'affrontement, ressort très efficace au théâtre, amuse le spectateur. Cependant, Molière en profite pour donner toute sa portée à sa comédie et "corriger les moeurs par le rire", selon la fonction fixée à la comédie depuis l'Antiquité : le comique de la scène est au service de la satire morale et sociale de la petite noblesse et, implicitement, de la critique des mariages peu assortis entre personnes de rangs sociaux différents (...)
[...] Mais il en est empêché et, de manière totalement imprévue, le conflit change totalement de thème, marquant l'originalité de la pièce. Tout gravite autour du savoir-vivre et de la manière qu'il faut vivre parmi les personnes de qualité (lignes 5-6). Le couple Sotenville se transforme alors en professeurs de bonnes manières pour formuler leurs reproches à un gendre mal dégrossi, soulignés par : .le champ lexical de l'éducation (que vous sachiez si peu, ligne 4 ; instruire, ligne 5 ; connaître, ligne 15 ; savez, ligne 18 ; leçons, ligne 20 ; avertissement, ligne 23) . [...]
[...] Le comique de situation L'enjeu de la discussion est grave : il s'agit de l'avenir d'un couple. Pourtant, Molière utilise un registre comique qui repose sur : - la situation de Dandin. Il veut expliquer sa situation mais est constamment interrompu et ne peut pas parler, ce qui occasionne des retardements énervants pour lui mais amusants pour le spectateur. - puis, s'enchaînent une suite d'impondérables. D'abord, il oublie de saluer (lignes ; puis il utilise une mauvaise forme d'adresse à son interlocuteur (lignes 24-25) ; enfin, il emploie à mauvais escient le mot ma femme (ligne 30). [...]
[...] On sait que Molière, notamment lorsque la pièce fut jouée aux fêtes de Versailles, qui incarnait George Dandin, jouait son rôle de façon comique. Plus tard, bien des metteurs en scène ont donné un éclairage tragique à cette œuvre, y voyant le reflet du drame caché du couple de Molière et dans George Dandin un personnage attristant : ils ont alors donné à la pièce un registre sinistre et grave en accentuant les récriminations du plaignant. Voilà une manifestation supplémentaire que l'acteur est le créateur d'une pièce au même titre que l'auteur qui se voit, en quelque sorte, dépossédé de son œuvre dès lors qu'elle est interprétée. [...]
[...] [ ] ACTE SCÈNE IV Monsieur et Madame de Sotenville, George Dandin Madame de Sotenville Mon Dieu ! notre gendre, que vous avez peu de civilité de ne pas saluer les gens quand vous les approchez ! George Dandin Ma foi ! ma belle-mère, c'est que j'ai d'autres choses en tête, et . Madame de Sotenville Encore ! Est-il possible, notre gendre, que vous sachiez si peu votre monde, et 5 qu'il n'y ait pas de moyen de vous instruire de la manière qu'il faut vivre parmi les personnes de qualité ? [...]
[...] (ligne avec son interjection lyrique et le dédoublement qui marque la prise de conscience de sa perte assurée. La scène dénonce alors les difficultés sociales d'un homme de condition modeste face à l'insolence et au mépris de nobliaux. Enfin, dès ce conflit qui matérialise l'incompréhension entre les rangs sociaux et le manque d'amour profond, le spectateur comprend que toute cette affaire ne peut que mal se terminer. Conclusion Cette scène, qui fait partie de l'exposition de la pièce, retient l'attention du spectateur par le côté dynamique de l'affrontement des deux parties en présence et par son comique. [...]
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