Dissertation consacrée à une citation de l'essai "L'art du Roman" (Milan Kundera) : "Le roman est l'art ironique". S'appuyant sur la définition classique de l'ironie, elle offre une observation du fait romanesque à travers plusieurs exemples de la littérature du 18ème et du 19ème siècle. Elle tente d'examiner si le genre romanesque peut se soumettre à une définition ou si - à l'égal de toute création artistique - il se soustrait aux tentatives de codification.
[...] Emile Zola écrit ainsi : Tout le monde réussit en ce moment dans l'analyse de détail, il faut réagir par la construction solide des masses, des chapitres ; par la logique, la poussée de ces chapitres ; par la logique, la poussée de ces chapitres, se succédant comme des blocs superposés Il faut endormir la méfiance qui prévaut à l'endroit du roman. A cette fin, il doit offrir des garanties de son utilité sociale, morale, intellectuelle. Dans cette perspective, Les Rougon-Macquart dévoile le corps social, le corps familial, le corps humain en une sorte de polyroman-documentaire. Le roman est le reflet de la vie ; ainsi, le romancier en arrive à usurper Dieu, selon la formule de Balzac. [...]
[...] Ce binôme de la création romanesque a connaissance de toute chose et se propose, comme l'exprime Balzac, de traiter de ce qui se passe partout Le roman offre un espace d'étude qui ne connaît pas de limites, sinon celles que l'auteur se fixe personnellement. C'est ce que laisse entendre cet extrait d'une lettre de Balzac adressée à Mme Hanska le 26 octobre 1864 : Les mœurs sont le spectacle, les causes ont les coulisses et les machines. Les principes, c'est l'auteur. Le rôle de l'auteur est prépondérant : il indique, seul, les principes. [...]
[...] Néanmoins, le romancier peut lui aussi se prendre au piège de la représentation du monde, se perdre dans sa quête démiurgique et imiter le délire de Saint Antoine qui s'écrie dans le roman de Flaubert : O bonheur ! Bonheur ! J'ai vu naître la vie. J'ai vue le mouvement commencer [ ] Je voudrais [ ] me diviser partout, être en tout, m'émaner avec les odeurs, me développer comme les plantes, couler comme l'eau, vibrer comme le son, briller comme la lumière, me blottir sous toutes les formes, pénétrer chaque atome, descendre jusqu'au fond de la matière, - être la matière ! L'auteur confesse son projet romanesque en même temps que sa névrose. [...]
[...] Certes, le lecteur adopte aisément cette ironie constituante du genre en adhérant au pacte de la fiction vraie mais tout demeure feint dans un roman. Cependant, cette définition du roman qu'apporte Milan Kundera est assez contemporaine ; elle est née d'un changement dans la lecture du statut du romancier. Le texte a gagné en autonomie et la lecture critique en a été modifiée. Mais cette analyse du roman n'a pas toujours prévalu. II- Un instrument de connaissance du vivant Le dix-neuvième siècle est considéré comme l'époque phare du genre romanesque, celle qui lui a donné ses lettres de noblesse au sein du monde littéraire. [...]
[...] Le risque, c'est alors que selon la formule de F. Saussure : Bien loin que l'objet précède le point de vue, c'est le point de vue qui précède l'objet. D'ailleurs, il est remarquable de constater que le sérieux du roman classique repose sur l'absence de rappel qu'il s'agit bien de littérature, de création. Nul ne s'en prend alors à ce point de vue, à cette part d'interprétation subjective inhérente au travail de romancier. Le roman est par tradition un objet d'instruction et de distraction ; il va devenir progressivement un lieu d'expérimentation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture