Fronton, célèbre orateur du second siècle, a été le maître de rhétorique du futur empereur Marc-Aurèle. Ils ont entretenu une correspondance pendant des années après l'accession au pouvoir de Marc-Aurèle, en 161 après Jésus-Christ. Dans cette correspondance, Fronton continue d'enseigner l'art de la rhétorique à son ancien élève, tout en lui témoignant une profonde affection (...)
[...] C'est donc l'éloge d'une attitude méprisée que fait Fronton, en particulier quand il dépeint Marc-Aurèle se promenant ou s'abandonnant au sommeil. Fronton fait l'éloge des plaisirs de la vie, comme boire, manger et dormir ou se distraire d'une façon bien particulière. Son texte est lui- même distrayant, presque poétique. L'évocation du beau temps des sentiers du rivage des marais de la haute mer Toutes ces images idylliques sont une invitation au voyage de l'esprit, à la détente. L'évocation de la nourriture, cette liste de mets plus appétissants le uns que les autres, c'est une manière habile d'ouvrir l'appétit de son lecteur. [...]
[...] Fronton cherche manifestement à convaincre, ou plutôt à persuader Marc-Aurèle, et c'est grâce au placere qu'il veut y parvenir. Mais il ne cherche pas à plaire à son empereur uniquement grâce à la beauté de son texte et de ses images. Le caractère le plus séduisant de cette lettre est sans doute l'humour de son auteur. C'est avec une tendre ironie qu'il imagine Marc-Aurèle se prélassant et mangeant dans des banquets. C'est avec ironie encore qu'il se désigne disciple de Sénèque Et c'est toujours avec ironie qu'il dépeint tous les plaisirs que Marc-Aurèle se refuse. [...]
[...] Enfin, Fronton, en cherchant à persuader Marc-Aurèle de se reposer, fait aussi un plaidoyer contre la philosophie stoïcienne. Il sait que Marc- Aurèle est séduit par cette école philosophique et qu'il alors qu'il avait seulement douze ans, été séduit par le dépouillement et l'austérité du statut de philosophe. En faisant l'éloge du repos de la nourriture riche- c'est aux stoïciens en particulier qu'il s'en prend, lorsqu'il rappelle avec humour qu'un homme a besoin de se détendre, et qu'il est donc ridicule de déclarer la guerre à certains besoins essentiels. [...]
[...] Dans cette épître intitulée Eloge du repos Fronton met en application des conseils prodigués précédemment à Marc Aurèle sur la façon de rédiger un éloge paradoxal, mais qui a surtout pour but de convaincre l'empereur de se reposer, et ce malgré son attachement au stoïcisme, philosophie qui prône le dépouillement et l'austérité. Comment Fronton parvient-il à lier avec humour son affection pour Marc- Aurèle et son dédain pour le stoïcisme dans une surprenante démonstration de rhétorique ? Développement : Un éloge deux fois paradoxal Cette épître que Fronton adresse à Marc-Aurèle a la forme, en tous cas répond, à certaines caractéristiques de l'éloge paradoxal. En effet, le repos, le loisir est mal considéré à Rome. Pendant son temps libre, un homme doit œuvrer pour le bien de la cité. [...]
[...] Dans cette lettre, Fronton cherche autant à convaincre Marc-Aurèle grâce à des arguments sérieux que grâce à des plaisanteries Et le fait même de plaisanter de chercher à plaire par la forme plutôt que par le fond de son discours, c'est déjà une sorte de petite attaque, une pique contre le stoïcisme et son austérité. Conclusion : En écrivant cette épître, Fronton va contre beaucoup de règles. Mais ce n'est pas une remise en cause totale de l'ordre établi, c'est simplement une manière différente, plus légère d'aborder la littérature, la rhétorique et la philosophie. En réalité, il a réussit son pari, car il a distrait Marc-Aurèle, l'a obligé à sa manière à prendre le temps de lire et de se détendre, à la fois grâce à son style et grâce à son humour. [...]
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