Fiche de lecture de l'ouvrage de Jean LACOUTURE: François Mitterrand. Une Histoire de Français. Tome 1 : les risques de l'escalade
En indiquant qu'il raconte 'une histoire de Français' J.Lacouture entend souligner à quel point la personnalité de François Mitterrand, jusque dans ses ambiguïtés, incarne les Français eux-mêmes. Entre le catholicisme des débuts et le socialisme d'adoption, entre Vichy et Londres, entre stoïcisme et cynisme, ruses et conviction, Mitterrand réunit et exacerbe en lui les contradictions françaises.
Ce premier volume d'une biographie organisée en deux parties traite de la jeunesse charentaise jusqu'à l'accession à l'Elysée (81), et recompose le roman de la conquête.
[...] Désormais, le "capitaine Morland" vit en hors-la-loi pourchassé. Le RNPG étant menacé de marginalisation dans la mouvance giraudiste, Mitterrand part plaider la cause du mouvement auprès de de Gaulle. Il parvient à gagner Londres grâce à l'ORA et au SOE britannique. Les gaullistes décident, malgré son opposition de l'enregistrer sous le nom de "capitaine Monier". Après une rencontre avec Emmanuel d'Astier, il est nommé "chargé de mission de 1ère classe" et dépêché à Alger où il est réclamé par le général de Gaulle. [...]
[...] Et si, le discours de Mitterrand manque peut être de générosité, il l'a montré auparavant en se refusant à spéculer publiquement sur l'état de santé du président. Si bien que le malade a confié à un intime que Mitterrand était le seul homme public qui se fût montré "correct". Le PCF presse Mitterrand de se présenter, mais celui-ci temporise, laissant se déclarer tour à tour Chaban Delmas, Faure, Mesmer (poussé par Chirac contre Chaban, mais qui se retire), puis Valéry Giscard d'Estaing. [...]
[...] La campagne du second tour est dominée par le débat télévisé le 10 mai. Là encore, les échanges sont intenses mais le débat - l'élection - tourne à l'avantage du cadet en une phrase "Vous n'avez pas, M. Mitterrand, le monopole du cŒur " Mitterrand a perdu la partie. Il est dans la Nièvre lorsque le verdict tombe : avec voix contre Valéry Giscard d'Estaing est élu Président de la République contre 49,19%. Il a manqué voix. Chapitre XII : Mais Moscou ne l'a pas voulu, lanturlu Sans aller jusqu'à dire que Mitterrand fut écarté de la présidence par les Soviétiques, le fait est que entre les deux tours du scrutin, Valérie Giscard d'Estaing a reçu la visite de l'ambassadeur d'URSS et que quelques jours auparavant, le même diplomate avait été reçu par Peyrefitte. [...]
[...] Le 28, Mitterrand convoque la presse et le chef de l'État ayant laissé prévoir sa démission au cas où le peuple, consulté par référendum n'approuverait pas son projet de participation, il annonce qu'il se présenterait lors de l'élection présidentielle qui s'ensuivrait. En attendant, il suggère la formation d'un gouvernement transitoire présidé par Pierre Mendés France. Un large secteur de la presse tient cette intervention pour "intéressante", mais Pompidou, va en faire, par le truchement d'une télévision à sa botte, une caricature destinée à inspirer la terreur. [...]
[...] Afin de prévenir la crise qui se profile, Mitterrand décide de rencontrer Houphouët-Boigny et met l'accent sur la nécessité que "les Africains [soient] libres chez eux offrant aux visiteurs "la garantie du gouvernement de la France" si celui-ci exclue toute marche vers l'indépendance. Le RDA lance alors en Afrique un mot d'ordre d'apaisement et les députés se rallient à l'UDSR (à la place du PCF jusque là). Cette "institutionnalisation" du RDA assure à Mitterrand la réputation d'un bradeur d'empire" et l'hostilité de parlementaires MRP et radicaux ; à cela s'ajoutant les critiques virulentes du RPF et du PCF. Maintenu en 1951 par Queuille, il n'est pas rappelé par Pleven quelques mois plus tard lorsque celui-ci est rappelé pour former un gouvernement. [...]
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