Âge d'or du roman, le XIXème siècle est fortement marqué par deux courants littéraires principaux : le Romantisme et le Réalisme. Ces deux écoles, bien qu'opposées, se donnent entre autres des visées sociales, morales, presque philosophiques. C'est sans doute dans cette optique que les « critiques utilitaires » s'étonnent et s'indignent q'une ?uvre n'aie « rien de civilisant et de progressif », ou s'occupe de « la forme, du style, de la rime » au lieu de chercher à guérir l'humanité de ses maux. A cela, Théophile Gautier répond que « tout ce qui est utile est laid ». Selon le parnassien, « il n'y a de beau que ce qui ne peut servir à rien ». Le beau semble alors le but ultime de l'écriture. Le roman doit-il donc servir à quelque chose? Est-il, comme le laissent entendre les « critiques utilitaires », dans l'obligation de servir des causes morales ou sociales, pour avoir une valeur ? Et à l'inverse, le roman peut-il volontairement « faire la grande synthèse de l'humanité » sans perdre sa valeur d'?uvre d'art ? Car il est d'abord indéniable que reprocher à un roman de ne pas servir « la génération » est absurde. Le roman, en tant qu'?uvre d'art littéraire est avant tout une ...
[...] Le roman donc, en faisant appel à la sensibilité du romancier visionnaire, est un moyen de découverte de l'âme humaine. Cette ambition est caractéristique de l'œuvre de Balzac, qui dans la Comédie Humaine, cherche à rendre compte de toute la société, les mœurs, les vices de son temps. A cette ambition s'ajoute des convictions scientifiques, qu'à l'origine de tout homme, il y a un principe vital : l'énergie La Peau de chagrin en est une belle métaphore : cette peau qui se réduit quand on la sollicite, promettant tout et annonçant la mort est pareille à cette énergie vitale que chacun gaspille ou conserve avec avarice, selon les tempéraments. [...]
[...] Mais, le roman, sans perdre de sa qualité artistique peut servir des idées, le peuple, la morale, si l'auteur en décide ainsi. Et même quand le romancier revendique de ne vouloir donner aucune utilité directe à son œuvre, le roman, par son existence, par sa nature même, ne peut être absolument inutile. Tout d'abord, il semble difficile de reprocher à un roman de ne servir à rien, car ce reproche implique une obligation pour le romancier de servir par son œuvre, à la moralisation et au bien être de al classe la plus nombreuse et la plus pauvre par exemple. [...]
[...] Le roman , ancré dans son époque est de plus une trace précieuse de l'histoire des idées. Preuve ici que le roman ne peut pas ne rien transmettre, ne rien véhiculer comme idées. Et mieux, l'auteur, même en revendiquant un art gratuit, au service d'aucune cause, ne peut exister sans véhiculer des idées, ne serait-ce que cette conception particulière de l' Art pour l'Art. Prendre la liberté d'écrire une œuvre aussi contraire aux mœurs de son temps que Mademoiselle de Maupin, c'est déjà revendiquer la liberté de l'artiste, l'indépendance de l'Art. [...]
[...] Il est produit d'une âme, exprime une vision du monde, une conception des choses. C'est sans doute pour cela que le roman a toujours été intimement lié à la philosophie. Les auteurs ont souvent inséré dans leurs œuvres leurs propres convictions. Balzac lui-même a consacré une partie de sa Comédie Humaine à des «Etudes philosophiques .Sartre également mêle philosophie et roman, ce qui n'est pas un hasard. Selon lui "La parole est action", l'écrivain est engagé et il le sait. [...]
[...] D'après Raymond Aron, le domaine de l'action est étranger à celui de la réflexion et de la création artistique. L'imaginaire n'aurait donc aucune influence sur le dynamisme social. Il est vrai que les romans les plus dénonciateurs ou les plus révolutionnaires n'ont pas pour autant été à l'origine de progrès ou de révolutions particulières. Les Liaisons dangereuses, de Laclos, chef d'œuvre de perfidie, perçant à jour les libertins machiavéliques de la fin de l'ancien régime, n'a pas eu pour conséquence directe de faire cesser le libertinage. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture