Aucun roman d'Emile Zola ne déchaîna autant les foudres moralisantes de la critique que Nana : la même accusation revenait toujours à l'encontre d'un roman qui ne relevait que de la plus honteuse pornographie.
Or c'est en moraliste que Zola voulait parler, une morale qui "ne s'offense des vérités humaines, elle a besoin de connaître le réel et de se faire une sagesse du vice lui-même" (La Tribune, 9 août 1868) (...)
[...] La confusion est totale et Nana règne sans partage sur Paris elle donnait le ton, de grandes dames l'imitaient idem La Curée Dans cette société, tout n'est plus que comédie. La visite rendue par le prince, futur roi d'Angleterre, dans la loge de Nana, au chapitre V ce monde de théâtre . mascarade de la royauté La scène est éloquente : la société toute entière est devenue un théâtre où triomphent les apparences. L'évolution de Nana est celle du Second Empire : née avec lui en 1851, elle triomphe en même temps que lui, lors de l'Exposition Universelle de 1867 et meurt avec lui. L'identification est évidemment symbolique. [...]
[...] Zola n'a pas de mots assez sévères pour vilipender l'hypocrisie des journaux. A travers la figure de la fille et la peinture du demi-monde, Zola veut mettre en accusation toute une société, celle du second Empire voué à la jouissance effrénée et à l'hypocrisie. Dans le dossier préparatoire, Zola énonce crûment : Le sujet philosophique est celui-ci : toute une société se ruant sur le cul Le désir bestial que Nana excite chez les hommes, est fortement dissimulé par les hommes comme il faut qui n'ont de cesse de sauvegarder les apparences, de dissimuler le vice sous le masque de la vertu. [...]
[...] Nana incarne à elle seule tout un monde : c'est une putain qui s'apparente à une société pervertie, comme c'est la corruption d'un régime voué à la destruction que reflète l'horrible décomposition de son visage, à la fin du roman. Le propos de Zola est éminemment satirique, comme l'étaient les articles écrits précédemment. Mais le romancier naturaliste souhaite emprunter à la science une écriture objective et impersonnelle. Le romancier doit se montrer le moins possible dans son récit. Il est difficile de concilier l'impératif esthétique et l'objectif éthique. La neutralité discursive voulue par le romancier Les portes paroles de Zola sont neutralisés par la charge négative qui portent sur eux, privant ainsi le lecteur de repères stables. [...]
[...] On se tient mieux chez les filles que dans la haute société, remarque avec surprise Fauchery dans le salon de la comtesse Muffat, mais on assiste à des dîners plus gais chez les bourgeois que chez les filles. La toquade à laquelle se livre Nana à la fin du chapitre II consiste à passer la nuit seule dans son lit, celle de la comtesse Muffat la mène droit à l'adultère. A la soirée chez les Muffat, succède le souper chez Nana au chapitre IV. [...]
[...] Aucun roman d'Emile Zola ne déchaîna autant les foudres moralisantes de la critique que Nana : la même accusation revenait toujours à l'encontre d'un roman qui ne relevait que de la plus honteuse pornographie. Or c'est en moraliste que Zola voulait parler, une morale qui ne s'offense des vérités humaines, elle a besoin de connaître le réel et de se faire une sagesse du vice lui-même (La Tribune août 1868). Loin de toute fausse pudeur, il s'agissait de dévoiler la débauche pour mieux la dénoncer. [...]
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