En tant qu'héritier de la rhétorique classique et antique, Fontenelle structure rigoureusement son propos en quatre temps : les deux premiers paragraphes correspondent à l'exorde et permettent de mettre en oeuvre, à travers l'énoncé de la thèse, la captatio benevolentiae. Vient ensuite la narration qui dans le troisième paragraphe donne l'argument permettant de prouver la thèse. Cet exemple n'a donc pas qu'une simple valeur illustrative (...)
[...] Mais l'habileté de Fontenelle tient à ce qu'il suggère la supercherie avent de l'expliquer, ce qui redouble le plaisir du lecteur, déjà initié par l'effet de retardement Le statut des interventions du narrateur L'implication du narrateur témoigne également de la nécessaire modestie qui doit caractériser le scientifique : celui-ci reconnaît qu'il est comme tout homme capable d'illusion. L'injonction est redoublée par l'adverbe bien qui par son aspect redondant insiste sur la dimension fondamentale de ce principe. Dès la première ligne, c'est la démarche analytique qui est définie : elle se caractérise par le respect des étapes. Dès lors, la fausse concession il est vrai que prend d'emblée une valeur ironique. [...]
[...] Les interventions du narrateur parcourent également mais de façon moins visible le récit, par le jeu des modalisateurs et de l'ironie : ainsi on peut relever une série d'antiphrases un autre grand homme, une belle et docte réplique, tant de beaux ouvrages qui témoignent du vide du contenu des recherches et de leur aspect purement formel. D'ailleurs l'expression écrire contre le sentiment laisse entendre que la démarche est régie par la pulsion et non par la réflexion. On observe une gradation dans la modalisation puisque du verbe prétendit au verbe ramassa l'événement semble traité par des savants manipulateurs de façon de plus en plus utilitariste. II La satire des naïfs et de ceux qui les abusent 1. La satire des savants Fontenelle dénonce indirectement la confusion traditionnelle entre science et religion. [...]
[...] Elle condamne la dimension symbolique des religions qui devrait pallier prétendument les carences matérielles. L'auteur condamne tout ce qui est de l'ordre du préjugé, de la croyance voire même de l'irrationnel. Or, en allant dans cette direction, l'auteur dénonce non seulement la rumeur dans ce qu'elle a de monstrueux et d'indistinct, ce qui la rend dangereuse (cf le bruit) mais indirectement menace tout l'édifice religieux Les principes de la philosophie des Lumières en germe Le texte fait finalement la satire de ces sujets qui ne parviennent pas à être des citoyens et préfèrent une sécurité illusoire : le terme naturel repris en polyptote par naturellement témoigne de l'opposition entre culture et civilisation. [...]
[...] Fontenelle propose une distinction capitale entre deux types d'ignorances : je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Ce qui gêne l'auteur, ce n'est pas l'ignorance en elle-même, c'est la propension de l'homme à ne pas lutter contre cette tendance normale, voire même à démultiplier cette ignorance en faisant fi des lumières de la raison. [...]
[...] Fontenelle, écrivain et scientifique né en 1657 est associé au courant de pensée cherchant à démontrer l'indépendance de l'homme par rapport à l'autorité religieuse et établie. Il amorce par son scepticisme le mouvement des Lumières. Ainsi il valorise le rationalisme et les principes scientifiques afin de bannir des âmes la croyance fanatique et la superstition. A travers l'Histoire des Oracles, Fontenelle met en valeur la fâcheuse tendance de l'homme à tout justifier par la religion et oppose le thème de l'analyse scientifique à ceux de l'interprétation facile et de l'extrapolation. [...]
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