[...] Afin de justifier son désir de tuer un serpent, l'homme de la fable va prétexter la méchanceté et l'ingratitude de l'animal. Soucieux de préserver sa vie, ce dernier va argumenter et démontrer que le symbole des ingrats est incontestablement l'homme, ce qui, conforté par les témoignages d'autres animaux et végétaux, ne le sauvera pas pour autant. En condamnant l'attitude de l'homme, La Fontaine aborde le thème de l'injustice et manifeste son mépris pour les abus de pouvoir, notamment des grands de la société de son temps.
I- Un récit vif et plaisant
a- Une structure narrative rigoureuse
On retrouve un schéma narratif classique et très complet :
- vers 1 à 3 : situation initiale
Il s'agit d'une brève exposition (comme au théâtre) qui permet de poser le problème qui devra être « résolu » : Un homme vit une couleuvre : / « Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une oeuvre / Agréable à tout l'univers ! »
- vers 4 à 78 : élément perturbateur et péripéties
L'élément perturbateur est mis en évidence par une intervention incisive et malicieuse du fabuliste : C'est le serpent que je veux dire, / Et non l'homme : on pourrait s'y tromper (vers 5-6) : le serpent semble condamné arbitrairement (On résolut sa mort, fût-il coupable ou non, vers 9) mais va tenter d'en réchapper en prenant la parole (Le serpent, en sa langue, / Reprit du mieux qu'il put, vers 14-15). (...)
[...] Puis, avec la conjonction Mais (vers s'opère un rétablissement argumentatif et la couleuvre s'autorise alors à dire ce qu'elle pense de l'être humain. Son intervention révèle un bon orateur : elle passe habilement de la flatterie à un discours incisif sans répit, retournant les arguments de l'homme et convoquant successivement une vache, un bœuf et un arbre. - les témoins : vers 31 à 78 Tous trois rejoignent le point de vue de la couleuvre : ils servent ou aident l'homme et ne sont pas récompensés en retour, si ce n'est par la destruction ou la mort, symbole manifeste de cette ingratitude. [...]
[...] En condamnant l'attitude de l'homme, La Fontaine aborde le thème de l'injustice et manifeste son mépris pour les abus de pouvoir, notamment des grands de la société de son temps. Un récit vif et plaisant Une structure narrative rigoureuse On retrouve un schéma narratif classique et très complet : - vers 1 à 3 : situation initiale Il s'agit d'une brève exposition (comme au théâtre) qui permet de poser le problème qui devra être résolu : Un homme vit une couleuvre : / Ah ! [...]
[...] De plus, les rimes sont irrégulières : La Fontaine utilise toutes les rimes à sa disposition dans le désordre (croisées, embrassées, plates). Enfin, de nombreux enjambements (vers 13-14, 15-16) participent à cette dynamique. - l'animalisation des personnages, constante de nombreuses fables, maintient l'intérêt du lecteur qui cherche alors les caractéristiques humaines qui se cachent derrière chaque animal. - la théâtralisation d'une véritable scène de cour de justice contribue également grandement à susciter l'intérêt du lecteur. II- Une véritable scène de cour de justice Une atmosphère de prétoire Tout dans cette fable semble rappeler au lecteur qu'il se trouve dans la salle d'audience d'un tribunal : - le champ lexical de la justice est présent tout au long du texte : coupable (vers condamner (vers procès (vers justice (vers lois (vers droit (vers sentence (vers déclamateur (vers arbitre (vers accusateur (vers récuse (vers juge (vers 67). [...]
[...] Enfin me voilà vieille, il me laisse en un coin Sans herbe : s'il voulait encor me laisser paître ! Mais je suis attachée : et si j'eusse eu pour maître 45 Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin L'ingratitude ? Adieu, j'ai dit ce que je pense. L'homme, tout étonné d'une telle sentence, Dit au serpent : Faut-il croire ce qu'elle dit ? C'est une radoteuse ; elle a perdu l'esprit Croyons ce bœuf. - Croyons dit la rampante. Ainsi dit, ainsi fait. [...]
[...] - Critique de la justice Abondamment suggérée par le champ lexical de la justice, elle reste allusive et se trouve corrélée aux abus de pouvoir et soulignée par la disproportion évoquée ci-dessus. - Incitation à la prudence Elle apparaît dans le désespoir de l'impuissance témoignée par l'ultime vers : Parler de loin ou bien se taire. Conclusion Cette fable propose, à travers un bestiaire varié et parfois fantaisiste, une allégorie du pouvoir royal. Par métaphore animalière interposée, La Fontaine dénonce les abus de pouvoir et les décisions arbitraires de Louis XIV. En peignant l'absolutisme comme un régime où la raison n'a pas sa place, le fabuliste annonce l'esprit critique des Lumières. [...]
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