Même lorsqu'il met en scène des animaux, il ne cesse de parler de l'homme, comme le montre la fable VII, 4 « Le Héron. La Fille » :
« On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez pris à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons
Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons. »
Il utilise d'ailleurs de plus en plus de personnages humains. Comme Racine il peint la tendresse, la jalousie, l'ambition, comme Molière, la vanité, l'hypocrisie, le mensonge, l'ingratitude, l'avarice et comme La Bruyère la suffisance des grands et la timidité des petits.
· Il s'attache aussi à montrer les différences de caractère selon l'âge et le sexe.
[...] La ville Les rats, grenouilles, fourmis représentent l'esprit bourgeois : ils ont le sens pratique, le souci d'amasser des biens, de faire des économies. Les nobles leur font bien sentir leur position inférieure, cf VIII : Le rat et l'éléphant : Se croire un personnage est fort commun en France. On y fait l'homme d'importance, Et l'on n'est souvent qu'un Bourgeois Tous les moyens de promotion sont bons, mais attention à la chute, cf VII Les devineresses ou VII L'ingratitude et l'injustice des hommes envers la fortune Dans Le singe et léopard IX l'homme est présenté comme un charlatan, un bonimenteur, et La Fontaine en profite pour faire la critique de la superficialité de certains hommes : ( ) ce n'est pas sur l'habit Que la diversité me plaît, c'est dans l'esprit : L'une fournit toujours des choses agréables ; L'autre en moins d'un moment lasse les regardants. [...]
[...] La Fontaine, les Fables : le peintre de la société I. La Fontaine peintre de l'homme Même lorsqu'il met en scène des animaux, il ne cesse de parler de l'homme, comme le montre la fable VII Le Héron. La Fille : On hasarde de perdre en voulant trop gagner. Gardez-vous de rien dédaigner ; Surtout quand vous avez pris à peu près votre compte. Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ; Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons. [...]
[...] Cependant, La Fontaine est également capable de montrer l'homme sous un angle favorable. Ainsi dans la fable X Le berger et le roi il montre que l'homme est capable d'honnêteté et de modération (par contraste avec tous les envieux). Il montre son désintéressement dans XI l'amitié dont il peut faire preuve dans IX ; VIII et 11 Les deux amis : Un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir lui-même. [...]
[...] J'ai beau crier, tout le monde se fait payer. Il vise aussi certains événements particuliers comme les entreprises aventureuses de la Compagnie des Indes (XII, ou encore les fondations philanthropiques de la Compagnie du saint Sacrement que Molière évoquait et attaquait dans Tartuffe (XII, 27). B. Les allusions à la politique royale Les Fables sont écrites alors que Louis XIV, revendiquant sa part de la succession d'Espagne, s'empare de la Franche-Comté et se heurte à la triple alliance des Hollandais, Anglais et Suédois. [...]
[...] La Fontaine se moque des hollandais et de leurs plaintes incessantes, cf Le soleil et les Grenouilles 12). Il leur montre les avantages qu'il y a à se fier à un pays et à un protecteur puissants. Il se moque au contraire d'une coalition ridicule dans La ligue des rats (appendice, p 426) : Louis XIV y est le chat qui veut réduire les Hollandais et envahit la Hollande qui est ici la souris. Il met en garde les anglais contre le risque qu'ils encourent s'ils abandonnent Louis XIV : VII Il les prévient du danger qu'il y a à s'attaquer au lion, cf Le lion XI : Proposez- vous d'avoir le lion pour ami, Si vous voulez le laisser craître Il leur conseille au moins la neutralité. [...]
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