Cette fable est connue car dénonciatrice. De plus, sa structure est intéressante puisqu'elle est déséquilibrée : 62 vers de récit pour 2 vers de moralité seulement. Le discours cherche à révéler des vérités humaines et sociales et la fable devient satirique. Le thème central est en effet celui du bouc émissaire.
[...] La Fontaine semble pessimiste quant à la justice de l'organisation sociale. Etre innocent, c'est être faible ; et l'impuissance condamne à mort. Le pouvoir, à l'inverse, rend invulnérable. Il faut savoir dire les choses assez habilement, finement, pour suggérer ce qui est à amender dans la vie collective et la vie individuelle : c'est le camp de La Fontaine. Les Animaux malades de la peste est la fable la plus connue de La Fontaine car c'est la plus terrible sur le pouvoir royal. [...]
[...] Selon le tableau brossé par le renard, le lion distribue ces coups de pattes et sa gloutonnerie tels des titres et des faveurs. Le goupil feint également la soumission. Le contre-rejet externe du vers 37 met en valeur le mot Seigneur. Le courtisan met ainsi en place une grande rhétorique pour faire face au roi avec une apparente sincérité. Il effectue lui-même les questions et les réponses (v.37). Non, non rime alors avec mouton, ce qui est un jeu de mots. B Ruse et hypocrisie Le renard est, par définition, rusé[1]. Il sait prendre la parole et y est habile. [...]
[...] La société devient maussade à cause de la peste. Les mauvais événements de la vie sont considérés comme des punitions divines. Comment, face à un désordre, la société recherche-t-elle à retrouver l'équilibre ? C'est ce que La Fontaine tente de mettre en lumière. A l'invitation du lion, chacun doit se confesser. Mais celui-ci tient un discours d'une grande duplicité : lui, est innocent puisqu'il est fort. Le renard, quant à lui, oppose la ruse à la force, il flatte pour ne pas s'exposer aux coups. [...]
[...] Le lion exhibe sa force brutale : les trois syllabes du vers 29 tranchent brutalement avec l'alexandrin du vers précédent. Il montre ainsi sa puissance et menace implicitement ceux qui vont passer après lui. Le vers 30 indique le basculement du discours royal vers le refus du sacrifice. Il clame je me dévouerai donc puis murmure s'il le faut. Tout d'un coup, le registre de l'autocritique apparente laisse donc la place à un ordre déguisé en souhait : je pense qu'il est bon . [...]
[...] Mais écrire une fable, n'est-ce pas également manipuler l'art de la parole ? I Le lion : la parole au pouvoir A Lâcheté et hypocrisie Le lion juge qu'un sacrifice un dévouement est nécessaire. Il décrète alors que tous doivent se confesser publiquement. De ce fait, il montre l'exemple et feint de se mélanger au peuple : mes chers amis commence-t-il (v.15). Le Nous de majesté peut-être alors être vu comme masquant le nous collectif, impliquant de ce fait bien plus les autres que lui-même. [...]
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