Le poète est un créateur, suivant l'étymologie de son nom, "poiein" qui signifie en grec "créer". L'idée est dans l'image du "germe" au vers 7, dans la "tradition féconde" qu'il sait réveiller pour construire l'avenir, et dans les bienfaits que son rayonnement répand à profusion sur les hommes, dans la gradation de la troisième strophe (...)
[...] Transition : nous venons de voir les fonctions classiques du poète, lire le monde, le traduire aux hommes. Mais Hugo lui assigne une tâche plus noble encore, la perception du divin. III/ Le prophète Le poète perçoit le mystère et le révèle aux hommes. Il parle avant et devant Le prophète est étymologiquement celui qui parle pro veut dit dire devant, avant, ou à la place de Tous ces sens sont intéressants. Il est l'étoile, dit la vérité, et ses rayons évoquent les représentations picturales des prophètes, ou encore la statue par laquelle Michel-Ange représente Moïse dans l'église Saint-Pierreaux- Liens à Rome, avec des rayons sortant de son front, que les touristes mal intentionnés ou peu cultivés prennent pour des cornes. [...]
[...] - Nous analyserons d'abord le domaine de compétence du poète, selon Hugo, donc ce qu'il voit ; puis nous étudierons ce qu'il dit, il apporte aux hommes lumière et avenir ; et nous finirons par sa position de rêveur sacré I / Que voit le poète ? Victor Hugo détaille le champ de compétence du poète : tout ! Une vision universelle Le poète voit tout : dans l'univers, il a accès à tout : le passé et l'avenir, la nature, les hommes, Dieu, tout ce qui couvre le monde (v.16). Il est homme mais doux comme une femme et Dieu le prend pour confident. Il voit ce qui n'est pas né comme ce qui est caché dans les ruines (v.13), mot valorisé par la diérèse. [...]
[...] Hugo fait un plaidoyer prophétique pour défendre la fonction prophétique du poète, comme dans une mise en abyme. Conclusion Ce poème prophétique invite donc les hommes à reconnaître la place du poète qui voit ce que les autres ne voient pas, le transmet, et élève ainsi les autres hommes au rang du divin. Dans la tradition romantique, à l'instar de Vigny ou de Lamartine qui professent la même conception, Hugo exprime ici sa haute ambition en plaçant le poète au-dessus de tout, au service des hommes et de leur progrès. [...]
[...] Mais sa parole n'est pas toujours entendue Les obstacles ne manquent pas, même s'ils ne sont pas au centre du poème. Ils sont concentrés aux vers 11-12 : les épines/ L'envie et la dérision : le premier symbolise les difficultés matérielles, les deux autres sont dus aux hommes, et révèlent leur petitesse. De plus, on ne peut envier qu'un plus grand, c'est donc une reconnaissance implicite de la qualité du poète. Quant à la dérision, elle est très proche de ce qu'endure l'albatros baudelairien. [...]
[...] La poésie du cosmos Le titre du recueil, Les Rayons et les Ombres, invite à méditer sur le domaine de réflexion. Il pourrait convenir d'ailleurs à ce poème même. Le voisinage des forêts et des flots (v.10), comme l'énumération spatiale des vers 26 et 27, ainsi que l'ensemble du poème montrent que rien de ce qui appartient au monde n'est étranger au poète. Il ne se contente pas du cœur humain, des petits problèmes, mais il est en haut (v.28) et interprète le monde. [...]
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