? Le pronom personnel "Nous" oppose d'emblée un collectif à un personnage seul : "le nouveau". Flaubert crée ainsi d'emblée une situation spectaculaire : un person-nage est sous le regard curieux de spectateurs. Le « nouveau » est ainsi d'emblée le personnage d'une petite pièce de théâtre.
? Cet incipit s'apparente en outre à la véritable entrée en scène d'un personnage : dans la première phrase, l'opposition entre l'imparfait ("Nous étions") et le passé simple ("le proviseur entra") détache, de manière traditionnelle dans un récit au pas-sé, un premier plan sur un arrière plan et dramatise ainsi l'entrée du personnage. Le fait que tout le monde se lève confère aussi un caractère solennel à cette entrée et ren-force la dramatisation de cette entrée.
? Flaubert décrit de plus le véritable déguisement du "nouveau" : plus qu'habillé, c'est déguisé qu'il apparaît : "habillé en bourgeois". Flaubert souligne à quel point son habit n'est pas naturel, met le personnage mal à l'aise et cela renforce l'impression de scène de théâtre (...)
[...] Nota bene : c'est un des éléments qui n'a pas été compris par le procureur Pinard lors du fameux procès contre le roman en janvier 1857. Il a attribué au narrateur les pensées du personnage et en a ainsi conclu que le roman faisait l'apologie de l'adultère, sans comprendre la distance ironique entre Flaubert et son personnage féminin. Dans les deux paragraphes, la plongée dans le rêve est traduite par le discours indirect libre et par l'emploi de l'imparfait ils allaient ils apercevaient ) et du conditionnel ils ne reviendraient plus ils s'arrêteraient , ) : ce dernier équivaut à un futur dans la temporalité onirique. [...]
[...] Cette chanson scabreuse anéantit ainsi tout ce que l'agonie d'Emma pourrait avoir de sublime. Le dernier mot d'Emma L'Aveugle ! n'a rien de grandiose, de romantique : cf. par opposition le long discours d'Atala juste avant sa mort, également par empoisonnement Transition : même à ses derniers moments, Flaubert malmène son héroïne et désacralise sa mort. III. LA MISE À MORT D'EMMA PAR L'AUTEUR A. La véritable torture d'Emma par Flaubert Ŕ Ŕ Ŕ Ŕ Véritable agonie du personnage, souffrance : un cadavre qu'on galvanise (l.24), atroce (l.30), hideuse (l.30), épouvantement (l.31). [...]
[...] Le procédé de l'accumulation souligne le caractère détestable de cette volonté paternelle imposée à sa fille. De la même manière, on trouve un peu plus loin la phrase suivante, où la soumission méprisable de la fille au bon vouloir du père est non seulement exprimée par l'accumulation mais aussi par le champ lexical du travail domestique : Il se la figurait travaillant le soir auprès d'eux ( ) ; elle lui broderait des pantoufles ; elle s'occuperait du ménage. Sous le côté en apparence généreux du père, Flaubert montre donc en réalité un patriarche qui imagine pour sa fille un avenir de domestique, le même qu'il a réservé à sa femme, idée largement soulignée par la répétition des expressions assimilant la fille et la mère : ressemblant à sa mère comme elle pour les deux sœurs Enfin notons que ces deux rêves se recoupent aussi dans le fantasme commun d'une vie sédentaire et d'une maison sécurisante : à la petite ferme de Charles correspond la maison basse, à toit plat, ombragée d'un palmier, au fond d'un golfe Si l'exotisme du rêve d'Emma semble opposer ces deux demeures, force est de reconnaître toutefois qu'Emma, qui se croit assoiffée d'ailleurs et d'aventure, aspire elle aussi à la sédentarité et à la protection. [...]
[...] Par le biais de cette comparaison, cette casquette est personnifiée et donne ainsi une image très dévalorisante de Charles, dont elle constitue une extension, le double : la casquette est nouvelle (cf. la visière neuve) comme il est le nouveau La laideur et le ridicule de l'objet sont soulignés par : o l'emploi répété du démonstratif péjoratif ces : C'était une de ces coiffures d'ordre composite ( ) une de ces pauvres choses (l.19-21). o par les termes dépréciatifs choses pauvres trop trop minces o Flaubert insiste aussi sur le caractère hétéroclite de l'objet que résume l'adjectif composite (l.19) et qu'exprime l'accumulation de mots rares ou relevant du lexique de la chapellerie : les éléments du bon- 6 o o net à poil, du chapska, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton (l.20), baleines boudins bande sac broderie en soutache cordon gland Les formes ovoïde circulaires losanges polygone croisillon les matières velours poils de lapin cartonné fils d'or et les usages de ces divers chapeaux sont disparates et, partant, grotesques. [...]
[...] Ŕ Il faut pourtant que je vous voie encore, reprit-il ; j'avais à vous dire . Ŕ Quoi ? Ŕ Une chose . grave, sérieuse. Eh ! non, d'ailleurs, vous ne partirez pas, c'est impossible ! Si vous saviez . Écoutez-moi . Vous ne m'avez donc pas compris ? [...]
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