Après le mariage de Charles et d'Emma au chapitre IV, et le début de leur vie de couple à Tostes accompagné des premières désillusions d'Emma au chapitre V, ainsi que la remémoration de sa jeunesse - et de ses rêves de jeunesse - au chapitre VI, le chapitre VII apparaît comme le "noyau" expressif des affects d'Emma...C'est en effet le moment où se libère une crise intérieure escortée par une sorte de crescendo de ressentiments depuis les chapitres IV, V et VI. Le passage étudié constitue donc un passage introspectif (...)
[...] Puis, tout à coup, il fait irruption dans cette peinture d'un lieu idéal : Le mari idéal ; celui vêtu d'un habit de velours noir à longue basques, et qui pore des bottes molles, un chapeau pointu et des manchettes ! Ainsi, si Emma rêve d'un mari idéal, c'est que le problème ne vient pas uniquement du lieu, et que son mari n'étant pas conforme à son idéal, ne lui convient pas. Cette dernière peinture nous révèle un mari plus beau, plus digne que Charles. Le point d'exclamation clos une longue phrase aux allures d'envolée lyrique, de 5 lignes. Et par conséquent, cette envolée provoque une chute abrupte à la réalité. [...]
[...] En conséquence, l'incertitude de ses besoins et l'aspiration vers un idéal flou constituent, pour Emma, une volonté de s'évader à tout prix. Mais ses aspirations d'évasion vont de plus en plus l'éloigner de la réalité, et faire naître chez elle une aversion pour la personnalité de Charles. Le plan du passage s'agence donc ainsi, par une première partie faisant une peinture de l'idéal d'Emma. Du lieu rêvé tout d'abord, au mari rêvé ensuite Puis une seconde partie accusant justement Charles d'être à l'origine de son malaise. [...]
[...] Qu'entendrait-elle d'autre par les plus beau jours de sa vie sinon ceux dont elle rêve, et qu'elle idéalise depuis toujours à la manière même d'une princesse de conte de fée. Et le terme pourtant marque la rupture entre ce qui est, et ce qui est rêvé. Ce sont les plus beaux jours de sa vie car elle vient de se marier, mais pourtant elle n'est pas heureuse. La mise entre virgule de la lune de miel agit comme une apostrophe, pour appeler tout le sens du terme. [...]
[...] C'est ce que renforce l'idée d'abondance subite qui désigne ce poids que garde Emma en elle et qui se déchargerait telle une abondance subite si elle en parlait. Mais décrédibilise une fois de plus cette hypothèse. Et pour renforcer l'idée de solitude d'Emma une construction en chiasme l'éloigne encore plus de Charles : à mesure que se serrait davantage l'intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui Ainsi l'intimité de leur vie de couple creuse le détachement intérieur d'Emma. De plus, on note que le terme déliait à une double connotation. [...]
[...] La passion est une émotion, le rire une ivresse, et la félicité une rêverie Ainsi, on peut dire qu'Emma tend vers un idéal romanesque, celui là même qu'elle avait pressentit dans ses livres. Ainsi nous avons vu que la plainte d'Emma exprimait tout d'abord un désir de vivre sa lune de miel, dans un pays lointain et utopique. Mais à travers l'expression de celle-ci, Emma a pris conscience que son malaise ne trouverait pas de solution dans cette projection illusoire. Au contraire, cette introspection lui a permis de discerner la véritable ombre au tableau de sa vie. Son mariage, son mari, Charles. [...]
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