Seconde partie du roman Madame Bovary, lors d'un comice agricole :
"Alors, on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements... " à "... Approchez, vénérable Catherine-Nicaise-Elisabeth Leroux ! dit M. le Conseiller, qui avait pris des mains du président la liste des lauréats."
Annonce du plan : Nous étudierons dans un premier temps comment s'organise la description de Catherine Nicaise Leroux, puis dans un second temps nous analyserons en détail le portrait de cette femme usée par le travail. Enfin, nous nous pencherons sur la fonction de ce portrait symbolique.
1. La description de Catherine Nicaise Leroux à travers trois points de vue différents
- Le point de vue externe : le narrateur est un observateur extérieur qui décrit exclusivement ce qu'il voit ou entend => "Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme...".
Nous avons l'impression que c'est un spectateur des comices qui décrit la scène. C'est la première apparition de Catherine Nicaise et immédiatement la description va se porter sur son physique, son apparence extérieure. Tout d'abord son allure générale : "petite vieille femme", "maintien craintif", "ratatiner", "pauvres vêtements", puis son visage : "maigre, entouré d'un béguin... plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie", enfin ses mains : "longues", "articulations noueuses", "encroutées, éraillées, durcies", "entrouvertes" ...
Le point de vue externe laisse le lecteur en attente de plus de précisions sur le personnage, notamment sur ses pensées, ses sentiments ...
- Le point de vue omniscient (ou focalisation zéro) : le narrateur connaît tout de l'histoire racontée, on parle aussi de narrateur omniscient. Il permet notamment au lecteur, de mieux comprendre la réalité présente, avec des indices du passé d'un personnage.
Flaubert fait ici référence au passé difficile de Catherine : "La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire ; et à force d'avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d'elles mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies" (...)
[...] Gustave Flaubert Madame Bovary Portrait de Catherine-Nicaise-Elisabeth Leroux Résumé du livre Charles Bovary, jeune officier de santé déjà veuf, épouse Emma Rouault, fille d'un gros fermier. Cette dernière, empreinte de romans à l'eau de rose dont elle a fait lecture dans son enfance, est vite déçue de son mariage car elle n'y trouve pas les félicités dont elle a tant rêvé. La naissance d'une fille la distrait un peu, mais la médiocrité de sa vie à Tostes puis à Yonvilles la plonge dans la mélancolie et la mène à s'étourdir l'esprit avec le jeune clair de notaire Léon Dupuis. [...]
[...] ( Pour finir ce portrait, Flaubert revient à la réalité des comices et passe à un point de vue interne : le lecteur est à l'intérieur du personnage de Catherine Nicaise c'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une compagnie si nombreuse ; et intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d'honneur du Conseiller, elle demeurait tout immobile Nous prenons donc connaissance de son trouble, voire de sa crainte devant une situation qui la dépasse. Conclusion de la première partie : la description de Catherine Nicaise Leroux se fait donc bien à travers trois points de vue différents. [...]
[...] La description de Flaubert nous laisse imaginer quelque chose de totalement disproportionné : une petite vieille femme ratatinée avec de grosses galoches, vêtue d'un long tablier bleu et d'une camisole rouge. Les couleurs sont voyantes et attirent l'attention, contrairement à elle qui disparaît presque sous ses habits. ( 3. Un portrait symbolique Le romancier choisit de dresser le portrait d'un personnage pour différents motifs. Interrogeons-nous à présent sur la portée de celui de Catherine Nicaise Leroux. ( Le personnage dont Flaubert dresse le portrait ici symbolise clairement une classe sociale : celle des servantes, autrement dit des esclaves. [...]
[...] Le romancier choisit de faire le portrait d'un personnage pour différents motifs : - Présenter un personnage : c'est la fonction narrative. - Aider le lecteur à avoir une vision précise du personnage, à le visualiser : c'est la fonction référentielle. - Donner des explications sur un personnage, qui permettront par exemple au lecteur de comprendre son comportement futur : c'est la fonction explicative. - Faire passer un message au lecteur : par le biais du portrait d'un personnage, il peut montrer par exemple sa portée sociale, morale ou psychologique : c'est la fonction symbolique. [...]
[...] Flaubert, auteur réaliste, dresse le portrait d'une femme usée par le travail. Ses mots sont clairs et expriment la réalité : ses mains sont l'humble témoignage de tant de souffrances subies. ( Le visage et les mains de Catherine témoignent des souffrances endurées : Son visage : visage maigre plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie Ses mains : deux longues mains, à articulations noueuses : elles symbolisent le dur labeur de 54 ans de service dans une même ferme encroûtées, éraillées, durcies notons l'allitération en r dans ces trois participes passés, qui suggère l'écorchement (physique et moral). [...]
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