Les derniers instants de l'héroïne du roman.
- L'imminence de la mort : cf. l'expression proleptique « à la croire déjà mort » et les comparaisons : « comme deux globes de lampes qui s'éteignent », « comme si l'âme eût fait des bonds pour s'en détacher », « comme au contre-coup d'une ruine qui tombe », « comme un glas de cloche », « comme un cadavre que l'on galvanise ». Les comparants ont tous une fonction anticipatrice, proleptique : ils annoncent la mort d'Emma.
- Le spectacle solennel de la mort d'Emma : la présence de plusieurs témoins, dont plusieurs notables d'Yonville, dramatise cette mort (...)
[...] Ensuite le divin vieillard trempe un peu de coton dans une huile consacrée ; il en frotte les tempes d'Atala, il regarde un moment la fille mourante, et tout à coup ces fortes paroles lui échappent : Partez, âme chrétienne, allez rejoindre votre Créateur ! Relevant alors ma tête abattue, je m'écriai en regardant le vase où était l'huile sainte : Mon père, ce remède rendra-t-il la vie à Atala ? Oui, mon fils, dit le vieillard en tombant dans mes bras, la vie éternelle ! Atala venait d'expirer Lopez est devenu le père adoptif de Chactas. [...]
[...] Cette mort, traitée avec un grand réalisme et de manière très prosaïque, apparaît donc comme anti-romantique, aux antipodes de la mort d'une Atala ou d'une Manon Lescaut. B. Une assistance ridicule En quelques lignes, Flaubert réussit une savoureuse galerie de portraits ou de silhouettes, campant chacun des personnages de la scène en une attitude où il s'exprime et se révèle tout entier : Les clichés religieux de Bournissien (dont le nom peut faire songer à bon à rien ou à bourrin : le texte s'ouvre sur un moment de pause dans l'agonie d'Emma, que le prêtre suppose liée au sacrement d'extrêmeonction. [...]
[...] Flaubert souligne qu'il n'y a rien après la mort : Emma n'entrevoit que les ténèbres éternelles (l.31) et une fois morte, n'exist[e] plus. La phrase souligne l'annulation complète du personnage, la survenue du néant, l'absence totale de toute immortalité de l'âme, autre illusion romantique pour le romancier. CONCLUSION 5 Le récit de la mort d'Emma Bovary s'oppose nettement avec celui, romantique, de la mort d'Atala, dans Atala (1801) de Chateaubriand, ou avec celui, pré-romantique de la mort de Manon Lescaut, dans l'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (1731) de l'abbé Prévost. [...]
[...] La mort d'Atala dans Atala (1801), François-René de CHATEAUBRIAND En Louisiane, un vieil Indien aveugle, Chactas, raconte sa vie à René, un jeune Français qui souhaite vivre au milieu des Indiens. Recueilli et élevé par un Espagnol, Lopez, le jeune Chactas est fait prisonnier par les ennemis de sa tribu ; une Indienne de religion chrétienne, Atala, le sauve et s'enfuit avec lui. Un terrible orage les oblige à s'abriter sous un arbre ; là, Atala révèle à son compagnon qu'elle est en réalité la fille de Lopez. Le couple finit par trouver refuge dans la mission du père Aubry. [...]
[...] La grotte parut soudain illuminée ; on entendit dans les airs les paroles des anges et les frémissements des harpes célestes ; et lorsque le Solitaire tira le vase sacré de son tabernacle, je crus voir Dieu lui-même sortir du flanc de la montagne. Le prêtre ouvrit le calice ; il prit entre ses deux doigts une hostie blanche comme la neige, et s'approcha d'Atala en prononçant des mots mystérieux. Cette sainte avait les yeux levés au ciel, en extase. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture