Le personnage du valet est typique de la comédie : la tragédie propose des confidents, qui permettent par convention aux protagonistes tragiques d'exprimer leurs pensées, leurs sentiments, leurs dilemmes. C'est un rôle d'intercesseur entre le personnage tragique et le public : le confident permet au personnage tragique d'exposer au public le conflit qui l'agite. Le confident est aussi de bonne extraction, et vit au palais.
Par ailleurs, le valet, dès l'Antiquité, est un personnage marginal : esclave mais habile (chez Plaute), avec un nom d'origine étrangère (Scapin ou Sganarelle, chez Molière, ont un nom d'origine italienne) (...)
[...] D'autre part, on peut considérer Figaro comme un véritable metteur en scène. En effet, Figaro a le style concis et le ton impératif : Vos jambes seulement un peu plus avinées (Acte scène le goût de mener les acteurs comme des marionnettes, à son goût (Acte scène 4 : Figaro fait répéter au Comte plusieurs fois son rôle) ; mais aussi l'imagination, la variété des déguisements qu'il conseille à Almaviva en témoigne. Il transforme également deux valets en éclopés (Acte II, scène et pose un cataplasme sur les yeux d'une mule aveugle pour le simple plaisir du théâtre. [...]
[...] C'est par plaisir qu'il sert les amours de son ancien patron. Auprès de son mentor de barbier, Almaviva paraît novice. Mais les deux hommes sont inséparables. Ils sont unis par des liens bien plus forts qu'un contrat de domesticité. Figaro ne peut faire que le Comte soit toujours Monseigneur ou Excellence : ce sont des titres qu'il ne manque jamais de lui donner. En le dirigeant, il continue à servir son ancien maître, parce que telle est la nature des choses. [...]
[...] Il est le seul personnage à pouvoir dépasser l'espace scénique. La figure du valet de comédie se trouve poussée à l'extrême voir même rénovée puisqu'on aboutit à un double paradoxe : le valet est le plus libre des personnages allant même jusqu'à mettre en scène le maître qu'il a choisi de servir mais il est aussi le personnage le moins cohérent car son unité résulte de son incessant mouvement. Il arrive même à associer de façon positive le goût pour l'intrigue et l'appât du gain, deux valeurs habituellement condamnées. [...]
[...] Il devine vite ses intentions : persuadé qu'elle tient une lettre déjà prête de Lindor, il la tire d'embarras et va au-devant de ses demandes : Si vous le lui défendiez expressément par quelque petite lettre (Acte II, scène2). C'est lui qui l'avertit du danger qui la menace (Acte II, scène10), lui qui la rassure dans ses alarmes : Soyez tranquille (Acte II, scène2), Ne craignez rien (Acte II, scène10). De plus, s'il respecte cette jeune personne d'extraction noble (Lettre Modérée), il ne se prive pas de la taquiner gentiment lorsqu'elle l'assaille de questions sur Lindor, menant le jeu du chat et de la souris (Acte II, scène2). [...]
[...] Figaro connaît bien Bartholo puisqu'il travaille pour lui, qu'il est son valet. Pourtant, Figaro fait fie des marques de respect qui devraient être de rigueur, et de sa part Bartholo ne reçoit que des moqueries en tout genre et des tutoiements qui démontre un irrespect total Ferme, ferme la porte de la rue ( II, 9). Pour Figaro un vieillard odieux tel que Bartholo ne mérite ni respect ni pitié. Il élabore son plan en trahissant toute confiance que Bartholo aurait pu avoir pour lui. [...]
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