Avec un titre aussi direct, le livre pourrait passer pour un guide comme le Kamasoutra dont le but ne consiste à rien d'autre qu'à décrire les différentes techniques amoureuses. Il pourrait aussi, tout simplement, annoncer l'histoire sensuelle d'un couple amoureux et heureux.
Paradoxalement, ici, rien de tout cela. Bien au contraire : Faire l'amour a pour thème une séparation : le douloureux dernier voyage d'un couple qui a duré 7 ans et dont l'histoire arrive à sa fin.
Le titre est-il donc simplement provocateur, accrocheur ? bref, publicitaire, au risque d'effaroucher les lecteurs trop prudes ? (...)
[...] Faire l'amour de Jean-Philippe Toussaint Analyse : Le titre Avec un titre aussi direct, le livre pourrait passer pour un guide comme le Kamasoutra dont le but ne consiste à rien d'autre qu'à décrire les différentes techniques amoureuses. Il pourrait aussi, tout simplement, annoncer l'histoire sensuelle d'un couple amoureux et heureux. Paradoxalement, ici, rien de tout cela. Bien au contraire : Faire l'amour a pour thème une séparation : le douloureux dernier voyage d'un couple qui a duré 7 ans et dont l'histoire arrive à sa fin. Le titre est-il donc simplement provocateur, accrocheur bref, publicitaire, au risque d'effaroucher les lecteurs trop prudes ? Et bien non. [...]
[...] On notera également une grande franchise dans la description des scènes d'amour : pas de pudeur mal placée, une description précise et sans fioritures de gestes amoureux forts qui veulent exprimer les émotions très denses des personnages, et en particulier leur déchirement entre l'amour et la haine, l'envie de l'autre et l'envie d'une séparation. Les personnages n'arrivent pas à partager leur plaisir, leurs corps vivent des sensations séparées, à l'image de leurs esprits qui ne sont plus en harmonie. La symbolique L'état d'esprit de celui qui regarde le monde influence fort ses impressions. [...]
[...] Car il met très concrètement l'accent sur le problème qui est au cœur du livre de Jean-Philippe Toussaint et qui fait son grand intérêt : la difficulté de vivre l'amour dans les actes et dans les gestes et pas seulement dans sa tête. Le problème des personnages semble, en effet, de concrétiser l'amour. Le romancier nous fait comprendre à plusieurs reprises que ses deux héros s'aiment encore mais que ce n'est plus que de façon abstraite : dans tous les détails du quotidien, leurs vies ne sont plus accordées, ils ne peuvent plus supporter la vie avec l'autre, et de ce fait, les gestes amoureux eux-mêmes, au lieu de donner de la tendresse et du bonheur, ne servent qu'à écorcher davantage. [...]
[...] Des images fortes. On en retiendra quelques-unes particulièrement explicites. - Le tremblement de terre : une image très claire de la déstabilisation des deux personnages, et, par contagion, de tout ce qui les entoure. - Les vêtements, en particulier la superbe robe de collection que Marie endosse dans leur promenade nocturne : c'est une vraie robe de princesse mais elle est mal attachée ; Marie était la reine du cœur du personnage principal ; elle devenue une princesse déchue et l'histoire se termine en chaussette ! [...]
[...] Jean-Philippe Toussaint exploite cette constante de la psychologie humaine dans la constructioon de son roman : tout le décor (lieu, temps, etc) est dessiné comme un jeu d'échos visuels, auditifs, sensuels, au chagrin d'amour des deux protagonistes. Le temps. Le romancier a choisi la fin de l'année (l'hiver) et rivilégie les éclairages de fin de journée (soleil couchant) pour évoquer la fin de cet amour amour. Il multiplie les scènes de nuit aussi pour évoquer les ténèbres dans lesquelles se débattent les personnages. [...]
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