La passivité de Verlaine consiste en son attente puis en son ouverture à une sensation issue d'un objet émetteur lointain. Celui-ci n'est que vaguement suggéré à l'esprit car la signification de la sensation a été appauvrie par sa traversée du temps et de l'espace entre cet objet et l'esprit.
Le charme des sensations résiderait dans leur indépendance et leur liberté par rapport à l'objet émetteur.
De plus, la gratuité et la fragilité de leur existence les rendent presque irréels et laissent entrevoir une disparition guettante. Les sensations sont donc avant tout instables. Verlaine apprécie les objets feutrés et fanés, au pouvoir amoindri, car ils rendent une sensation de déclin ou de mort. L'irrévocabilité du fané explique alors l'inutilité de la redécouverte de l'objet émetteur peut-être déjà mort.
[...] Les sensations sont donc avant tout instables. Verlaine apprécie les objets feutrés et fanés, au pouvoir amoindri, car ils rendent une sensation de déclin ou de mort. L'irrévocabilité du fané explique alors l'inutilité de la redécouverte de l'objet émetteur peut-être déjà mort. D'autre part ces délectables états de sensibilité vide et suspendue sont le seul moyen pour posséder les choses du monde qui est sur le déclin. Verlaine utilise la dissonance (prosaïque, vulgaire, syntaxique) au milieu des accords des sensations pour éveiller la conscience menacée de s'engourdir dans l'épuisement des sensations. [...]
[...] Le malaise verlainien réside dans le fait que Verlaine est JE et Autre. En effet, n'étant pas parvenu à se débarrasser totalement de son individualité, il a souffert de son impersonnalité et c'est de l'étonnement de cette dualité d'esprit dont il est question dans la poésie de Verlaine. Elle est rêverie et questionnement cauchemardesque sur le sens de cette rêverie. Verlaine refuse en effet que le vide ne soit que vide et sa conscience le remplit alors de ses questionnements effrayants. [...]
[...] Le vide est alors habité par la foi où le Christ fait figure de guide. Ainsi, c'est le caractère historique de la religion et ses représentations concrètes du Christ qui séduisent Verlaine. Tout cela s'inscrit dans la précision et le réel, tel un repère, un point d'appui pour la reconstruction de son individualité, de son esprit, de sa perception du monde et pour la réception de sensations signifiantes. Les erreurs passées sont rachetées et la tentation qu'elles représentent éloignée grâce à leur reconnaissance devant l'ordre divin. [...]
[...] La fadeur verlainienne consiste en une sensibilité aigre-douce. Son absence de goût positive et réelle est agaçante car elle oblige à tenir compte d'elle. La fadeur c'est du fané, quelque chose d'inexistant qui refuse de mourir en faisant croire à la sensibilité qu'il existe. II) La fadeur de la sensation affadit irrésistiblement l'esprit. Il se laisse persuader par son imprécision qui le contamine à son tour. Se laisser aller au rien c'est s'ouvrir à une réalité sensible, au pur sentir, c'est aiguiser sa sensibilité. [...]
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