Non seulement Jean Anouilh reprend la structure et le titre de la fable de Jean de la Fontaine, mais en plus, il y fait plusieurs allusions.
Dès le second vers, il y fait directement référence en faisant dire au chêne : "N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?" Jusqu'à ce vers, tout est donc fait pour montrer au spectateur, mais sans le dire directement, que l'auteur reprend la fable de La Fontaine, puisqu'il en reprend le titre, la première phrase et y fait référence dès le second vers (...)
[...] C'est le cas de Jean Anouilh qui effectue une reprise de la fable de La Fontaine : Le chêne et le roseau. Il vient, par cette parodie, montrer qu'il remet en question la morale de la fable originale. En reprenant une structure identique à la fable de La Fontaine, il parvient à aboutir à une morale bien différente. Ainsi, nous verrons dans un premier temps de quelle manière Jean Anouilh reprend tout en transformant le récit de Jean de la Fontaine ; puis nous étudierons le registre de la fable (en le comparant à celui utilisé par la Fontaine) en observant comment il conduit à trouver la morale de la fable. [...]
[...] Or, Anouilh utilise des procédés propres au tragique différents de ceux de La Fontaine. La Fontaine utilise un niveau de langue élevé, par exemple en ne citant jamais le mot vent mais en utilisant des périphrases telles que Sur les humides bords des Royaumes du vent pour désigner le bord d'une rive, ou encore Celui de qui la tête au Ciel était voisine / Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts pour parler du chêne terrassé ; ou en utilisant les noms des vents Aquilon (vent puissant venant du nord) et Zéphyr (vent doux et agréable venant de l'ouest), faisant par la même occasion référence aux temps antiques. [...]
[...] La morale d'Anouilh va donc venir s'opposer à celle de Jean de la Fontaine. Dans un premier temps, on peut dire que la morale de Jean Anouilh est pessimiste car le chêne ne parvient pas à résister à son destin tout puissant. Or, elle est aussi optimiste puisque l'arbre meurt avec fierté et affirme son identité avant sa mort : Je suis encore un chêne. dit-il avant de mourir. La fable d'Anouilh montre donc que la résistance a une valeur positive. [...]
[...] Le géant, qui souffrait, blessé, De mille morts, de mille peines, Eut un sourire triste et beau ; Et, avant de mourir, regardant le roseau, Lui dit : Je suis encore un chêne. II. Réécriture et transformation 1. Des structures identiques La Fable de Jean Anouilh vient reprendre, voire parodier, celle de Jean de la Fontaine : Le chêne et le roseau. Pour cela, il structure son récit de la même manière qu'est fait le premier. Dès le début, avant même de commencer à lire la fable d'Anouilh, on peut se douter qu'il fait une reprise de la fable de Jean de la Fontaine car les deux ont le même titre. [...]
[...] Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n'auriez pas tant à souffrir : Je vous défendrais de l'orage ; Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des Royaumes du vent. La nature envers vous me semble bien injuste. - Votre compassion, lui répondit l'Arbuste, Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci. Les vents me sont moins qu'à vous redoutables. Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos ; Mais attendons la fin. [...]
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