Le chapitre « Gorge Coupée » est comme annoncé et ces deux intertextes littéraires et artistiques en éclairent la lecture et nous ramènent à cette obsédante thématique leirisienne, celle qui distille fantasme, onirisme, fantastique et mythe dans le récit.
A ce titre, les textes qui annoncent « Gorge coupée » sont essentiels. Cazotte est considéré comme le précurseur du roman fantastique. Dans le Diable amoureux (1772) il fait le récit de la chute d'un homme séduit par le diable qui a pris l'apparence d'une femme, Biondinetta. A sa réédition en 1845, le conte fut accompagné d'une préface de Nerval. Une figure dont on ne manquera pas de souligner l'importance tant elle se rapproche de celle de Leiris. Nerval lui aussi était hanté par des femmes inaccessibles et multiplia les voyages, réels ou dans les limbes des hallucinations, qu'il considérait comme des expériences poétiques. Mais il sombrera malheureusement dans le délire. Leiris, lui, donne naissance à un délire verbal savamment maîtrisé qu'exprime cette écriture de la frontière, aux confins de l'imaginaire et du réel qui met à mal le pacte de lecture, mais qui permet au lecteur de plonger dans la genèse de l'écriture, ses catalyseurs, ses sources et les révélations qui en surgissent parfois.
[...] L'anaphore de chair a un rôle à la fois rythmique et architectural qui accentue la cohésion du texte. Il se sent encore livré aux autres, aliéné. Comme la promesse fallacieuse de m'emmener au cirque ou de jouer à faire la cuisine ; tout ce qui peut m'arriver n'est qu'un leurre, une façon de me dorer la pilule : la généralisation excessive de cet état de dysphorie (tristesse de euphorie) avec l'indéfini (pronom) TOUT qui souligne cette obsessionnelle angoisse d'être constamment trompé, anéanti dans ses espérances. [...]
[...] Passage p 103, lg 1 à 14 : Âgé de 5 ou 6 ans . guet-apens Le cadre posé, suit le récit de l'action à proprement parler. Passage p 103, lg 14 à 28 : Voici comment . fut effarée Sont alors exposées les conséquences de cette action Passage p 103 lg 29 à page 104 lg 11 : dans le fiacre . la couleur fraise des sorbets Le dernier mouvement consiste en une interprétation de l'épisode de l'opération, qui selon l'auteur, marqué toute sa vie. [...]
[...] Deux intertextes qui peuvent faire figure de paratextes. Lorsque Leiris évoquait sa sincérité dans la préface De la littérature considérée comme une tauromachie il cherchait à justifier sa bonne foi, son intention de se mettre à nu et de dire la vérité et rien que la vérité. S'il y a sincérité c'est dans le fait que Leiris nous donne tous les matériaux qui ont façonné sa perception de la réalité et tout ce qui lui a permis d'appréhender l'épisode de cette manière. [...]
[...] Caractérisation de l'extrait Le chapitre Gorge Coupée est comme annoncé et ces deux intertextes littéraires et artistiques en éclairent la lecture et nous ramènent à cette obsédante thématique leirisienne, celle qui distille fantasme, onirisme, fantastique et mythe dans le récit. A ce titre, les textes qui annoncent Gorge coupée sont essentiels. Cazotte est considéré comme le précurseur du roman fantastique. Dans le Diable amoureux (1772) il fait le récit de la chute d'un homme séduit par le diable qui a pris l'apparence d'une femme, Biondinetta. [...]
[...] Tout est maîtrisé ici, même les accessoires qui rendent l'indicible horreur de l'enfant palpable pour le lecteur. Une scène digne d'une séquence cinématographique où Leiris se met en scène. Puis, le temps d'une fraction de seconde, le metteur en scène et héros se transfigure en spectateur lorsqu'il essaie de reconstituer l'expression de son visage : et, sans doute, eus-je l'air effrayé Leiris, virtuose de la représentation, zappe d'une posture à l'autre avec brio. Dans son rôle de victime, il accentue la perversité du monde des adultes : Viens mon petit coco ! [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture