Explication linéaire portant sur le lai "Le Chèvrefeuille" de Marie de France. Avec 118 vers, Le Chèvrefeuille est le lai le plus court qui soit connu. L'histoire de cette rencontre est surtout mise en valeur par la métaphore végétale. Comparé à d'autre lai, celui-ci comporte peu d'éléments merveilleux. Comment le lai, malgré sa brièveté et sa sobriété de style, ne se limite-t-il pas à un simple récit narratif ?
[...] Tristan a regagné son pays natal, le sud du Pays de Galles. Il y demeura une année entière sans pourvoir revenir. Mais ensuite il s'exposa à la mort et à l'anéantissement L'épisode du chèvrefeuille est resitué dans la légende : l'action racontée commence un an après que le roi Marc ait banni son neveu. Tristan, durant cette année, était rentré dans le sud du pays de galles. On est au passé. v à 26 Ne vus esmerveilliez neënt, Kar cil ki eime lealment Mut est dolenz e trespensez Quant il nen ad ses volontez. [...]
[...] On dirait que la reine attend justement un signe. Bien que l'auteur nous ait annoncé que la reine était attentive et habituée aux astuces de Tristan et à les décripter, on peut rester sceptique quand à la facilité avec laquelle le plan de Tristan fonctionne. Mais le lai suit un fil conducteur qui a pour objectif d'aboutir à une rencontre. On ne justifie pas les incohérences dans les actions. Lorsqu'il faut aboutir à des retrouvailles, nul besoin de causes raisonnables. [...]
[...] Le bonheur des deux amants est certes intense, mais bref : 5 vers seulement. Ensuite leurs soucis reprennent le dessus : l'exil de Tristan, son différend avec le roi. Puis vient rapidement le moment de la séparation. En effet la reine ne peut s'absenter trop longtemps, à cause de la présence des chevaliers de son escorte. C'est Tristan qui se trouve abandonné, qui doit retomber dans sa solitude. Iseut semble avoir une situation moins difficile : elle a toujours un bon statut social, et elle n'est pas totalement seule, puisqu'elle retourne vers ses compagnons de route avec sa suivante. [...]
[...] Ces vers sonnent comme une promesse, le ton est grave, insistant. La métaphore du chèvrefeuille est une sorte de pause dans le récit. Son importance dépasse la simple utilisation qu'en fait Tristan pour avertir Iseut de sa présence. Elle recouvre toute l'histoire d'amour des deux amants, elle en dévoile l'essence même et annonce leur fin tragique. Glenn : v à 106 Le passage relate la rencontre des deux amants. v à 82 : La reïne vait chevachant. Ele esgardat tut un pendant, Le bastun vit, bien l'aparceut, Tutes les lettres i connut. [...]
[...] Cette comparaison fait aussi lieu de métaphore, d'image poétique : celle de l'amour, aussi exigeant qu'une loi de la nature, un besoin vital, un amour qui ne supporte pas la séparation, un amour où les amants vivent en symbiose et sont complémentaires. C'est un amour naturel, sincère, fidèle. La métaphore est close par une devise amoureuse, vers 77 et 78. Au style direct, elle est attribuée à Tristan. On a au vers 78 un chiasme, qui répète dans sa forme comme dans son sens l'inséparabilité des amants, leur enlacement De plus, on peut remarquer qu'il n'est presque composé que de monosyllabes. [...]
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