Les Erinyes, selon la légende, sont des divinités grecques (que les Romains ont assimilé aux Furies). Leur fonction est de tirer vengeance de tous les délits et crimes capables de troubler l'ordre établi, et de le protéger.
Dans la troisième partie de l'Orestie, Eschyle avait imaginé qu'Oreste était jugé par le tribunal d'Athènes après le meurtre d'Egisthe et de Clytemnestre, où il fut acquitté. Les Erinyes, qui poursuivaient le meurtrier, s'inclinèrent et changèrent de nom, devenant les Euménides (qui signifie les « Bienveillantes ») (...)
[...] Elles peuvent ainsi dévoiler les illusions présentes et les arrière-pensées des personnages. L'avenir dans le passé Les Euménides, à la scène 1 de l'acte présentent Electre avant même qu'elle apparaisse, mais son personnage reste encore énigmatique (quelle est la raison de sa haine Les Euménides récitent également la peur de Clytemnestre (elle se met du sang Cette référence au sang rappelle la mort d'Agamemnon, organisée par Clytemnestre ; ce crime appartient donc au passé. Mais pour le spectateur ce passé est avenir, car il ne pourra comprendre l'information que bien plus tard (Acte II, scène 9). [...]
[...] A leurs yeux, Electre est un redresseur de torts qui sont le mal du monde Elles imaginent, pendant le sommeil d'Oreste, qu'il n'assassine pas sa mère, mais sa sœur ; ce serait certes un crime, mais un crime au nom du bonheur. Les Euménides opposent alors à l'immuable légende d'autres sorties possibles, sources de bonheur. Elles tissent un contre-mythe La fatalité retardée Ce contre-mythe ne peut évidemment avoir lieu, mais les Euménides tentent de le réaliser. Quand Electre appelle Oreste pour qu'il tue Egisthe et Clytemnestre, elles s'interposent. A la scène 7 de l'acte II, elles l'enchaînent pour l'empêcher d'accomplir la vengeance d'Electre. [...]
[...] Cette attention échoue, mais les Euménides auront tout essayé pour éviter le drame. Giraudoux prend la mythologie à contre-pied. En effet, dans la mythologie les Euménides succèdent aux Erinyes. Ici ce sont les Erinyes qui succèdent aux Euménides. Le crime commis, elles vont poursuivre Oreste. Les Euménides apportent une touche féérique à l'œuvre, mais en accroissent aussi le pathétique en voulant élaborer une version plus heureuse. Elles incarnent le destin tout en essayant de le contrer. Giraudoux joue constamment avec leur dualité de déesses de la vengeance et de la bienveillance. [...]
[...] Le jardinier explique que personne ne les connait dans Argos. Leur arrivée dans la ville précède juste celle d'Oreste, à qui elle servent, au début, de guide. Et si Oreste ne sait pas ce qui l'attend, les Euménides le savent bien : elles ne le quittent plus jusqu'au tragique dénouement. Elles incarnent ainsi la fatalité en marche. La rapidité de leur croissance illustre l'accélération de la marche du destin. De petites au début de la pièce, elles atteignent juste l'âge et la taille d'Electre à la scène 10 de l'acte III. [...]
[...] Les Euménides : symbolique et évolution dans Electre, de Jean Giraudoux J. Bousquet Fiche-synthèse de 1ère S Les Euménides, qui représentent le surnaturel dans Electre de Jean Giraudoux, jouent un rôle important. Elles remplissent une triple fonction : elles incarnent la fatalité, le destin en marche ; elles révèlent la vérité cachée des évènements ; elles tentent d'empêcher le dénouement tragique. LA FATALITÉ Les Euménides ne sont pas des personnages inventés par Giraudoux ; elles appartiennent à la mythologie antique. [...]
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