Analyse du titre de l'oeuvre "Jacques le Fataliste et son maître" de Diderot. Le titre qui est un premier contact avec le lecteur a pour fonction de présenter le roman en donnant des indices sur les personnages et leurs relations, le thème. Quels rapports avec l'oeuvre, quels éléments de l'oeuvre le lecteur peut-il dégager à travers ces quelques mots ?
[...] Le grand thème du roman est donc introduit et porte déjà à réflexion sur sa validité. Ce titre est donc un prémisse des grands thèmes qui vont être développés : la relation maître valet et le thème philosophique du fatalisme. On ne trouve aucune indication sur une possible intrigue, comme le voyage de Jaques et son maître cela soutient le projet narratif original de Diderot : celui de ne pas mener une histoire avec un but précis : personne ne sait ou allaient les deux personnages. [...]
[...] Dans la langue commune elle revêt une connotation négative car elle induit la notion de soumission paresseuse. Jacques (et Diderot) défendent donc plus précisément le déterminisme (terme impropre pour cet époque) qui lui défend un assentiment actif à ce qui est écrit sur le grand rouleau . Cela dit, Jacques n'est pas le reflet total de la philosophie de Diderot. En effet, déjà dès le titre l'auteur annonce une philosophie douteuse car elle est relative à Jacques, un valet bavard, et non à un intellectuel. [...]
[...] Par ailleurs, cette association du valet et du maître rappelle les grands couples théâtraux comme Don Juan et Sganarelle et fait entrevoir l'originalité de ce roman pièce de théâtre où les dialogues sous rédigés comme au théâtre. Mais ce lien qui apparaît comme une association relève aussi une opposition. L'un est maître, l'autre valet. L'un utilise un langage soutenu, l'autre familier. L'un est craintif face aux brigands de l'auberge, l'autre valeureux. L'un est croyant, l'autre athée. L'un n'est pas parvenu à ses fins en amour comme avec Agathe et Denise, l'autre a connu plusieurs histoires d'amours ou amourettes (Suzanne, Marguerite, Justine, Denise). [...]
[...] Manifestement le valet est supérieur à son maître. Dès le titre, il n'est pas désigné comme un simple valet grâce à la mention de son prénom, contrairement au maître. Sa fonction est omise car elle rappellerait son infériorité. Il se démarque ainsi et le lecteur suppose qu'il sera le véritable héros du roman. De plus le maître ne possède pas son valet, au contraire, il est cité en second et Jacques est le maître par le possessif son . L'attribution de majuscules à Jacques et à son qualificatif Fataliste expose visuellement la domination du valet vis-à-vis du maître écrit en minuscule. [...]
[...] Enfin sa condition de valet est déductible par le possessif son relatif au maître. Ce dernier, quant à lui n'a pas de prénom. Ce fait apporte ainsi des renseignements sur le lien, le rôle qu'ils jouent dans le roman, marqués par le et du titre, entre les deux protagonistes Le maître n'a donc pas de prénom mais a un titre contrairement à Jacques qui lui en a un mais n'a aucun titre explicite. Ils sont par ce fait complémentaires. Cet aspect est visible notamment par leur caractère : l'un parle (Jacques), l'autre écoute. [...]
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