Étude portant sur le phénomène de l'emphase syntaxique dans un extrait du "Ventre de Paris" d'Emile Zola. Les mots dans la phrase s'organisent selon un ordre canonique : sujet, verbe, complément d'objet ou attribut, complément d'objet indirect et compléments circonstanciels. Cependant, les écrivains comme Zola s'amusent avec la langue, ils la déstructurent et la complexifient afin qu'elle prenne une tournure plus poétique et plus originale : c'est ce phénomène que est étudié à travers la proposition « ce qui chantait plus haut ».
[...] La phrase dans laquelle s'insère notre proposition est typique de l'écriture artiste de Zola : la ponctuation faible de la virgule est abondante, hachant la phrase, ce qui donne l'impression que l'écrivain procède par petites touches successives, à la manière du peintre impressionniste. Mais Zola sollicite tous nos sens, celui de l'ouïe également au sein de subtiles correspondances comme la métaphore filée musicale dont l'apothéose est ce qui chantait plus haut la proposition de notre étude. [...]
[...] Ce qui, dans une troisième partie, nous amènera à réfléchir sur l'emphase syntaxique, dont elle fait partie, comprenant le phénomène de la dislocation et de l'extraction. ce qui chantait plus haut = relative périphrastique La relative périphrastique a un statut intermédiaire entre celui des relatives adjectives et des substantives proprement dites car elle constitue l'expansion d'un démonstratif, en l'occurrence le démonstratif neutre singulier ce de manière à former avec lui l'équivalent d'un groupe nominal. Ainsi la relative périphrastique ce qui chantait plus haut n'a pas de véritable antécédent, elle représente un inanimé. [...]
[...] L'emphase syntaxique : Dislocation et Extraction On regroupe, sous le nom d'emphase, tous les procédés d'insistance et de mise en relief. Ceux qui nous intéressent à présent sont la dislocation de la phrase et l'extraction d'un constituant. La phrase canonique est disloquée, ou segmentée, par suite du détachement d'un constituant hors du cadre de la phrase, à gauche ou à droite. L'élément ainsi détaché reçoit un accent d'insistance et se trouve séparé du reste de la phrase par une pause, qui est marquée à l'écrit par la virgule. [...]
[...] c'est . La phrase est séparée en deux parties : l'intonation monte jusqu'à c'étaient qui est précédé d'une pause marquée par la virgule, puis elle redescend. Le premier élément est une relative périphrastique, ce que nous avons précédemment étudié, et le second introduit par c'étaient est une séquence, en l'occurrence deux groupes nominaux les taches vives des carottes, les taches pures des navets qui entretiennent une relation de sujet avec le verbe chantait de la relative (qui est au singulier car il se conjugue avec le pronom démonstratif ce Ainsi, la postposition des sujets ménage un effet d'attente et permet d'insister sur l'action produite. [...]
[...] Il est placé devant l'adjectif qualificatif évaluatif haut Cependant l'adjectif est à valeur adverbiale car il constitue l'expansion du verbe puisqu'il nous donne la manière dont les taches vives des légumes chantent. Néanmoins, cette proposition relative périphrastique ne peut être étudiée de manière approfondie si l'on omet de dire qu'elle fait partie intégrante d'une phrase pseudo-clivée ou semi-clivée dont elle est le premier élément. I. ce qui chantait plus haut, c'étaient toujours les taches vives des carottes, les taches pures des navets = phrase pseudo-clivée Cette structure combine la dislocation car le constituant est détaché en fin de phrase, et l'extraction qui nécessite un présentatif c'est . qui / c'est . [...]
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