Commentaire composé de l'Acte I scène 4 du "Tartuffe" de Molière. Cette scène est capitale dans la dynamique de la pièce dans la mesure où elle propose des portraits qui se complètent ainsi qu'un type de comique qui met en avant les limites des personnages.
[...] Le portrait de Tartuffe nous est donné par Dorine, elle décrit ses actes durant la maladie d' Elmire. Ces derniers sont en totale opposition avec ses paroles de dévot. Nous le voyons ici tel qu'il est, ce qui s'oppose totalement à son statut de directeur de conscience. Il a été installé par Orgon, le maître famille et a tous les pouvoirs. Il agit totalement à son aise et mange en abondance : Et fort dévotement il mangea deux perdrix, Avec une moitié de gigot hachis But à son déjeuner quatre grands coups de vin. [...]
[...] ORGON. Et Tartuffe ? DORINE. Il reprit courage comme il faut, Et contre tous les maux fortifiant son âme, Pour réparer le sang qu'avoit perdu Madame, But à son déjeuner quatre grands coups de vin. ORGON. Le pauvre homme ! DORINE. Tous deux se portent bien enfin ; Et je vais à Madame annoncer par avance La part que vous prenez à sa convalescence. [...]
[...] La nuit se passa toute entière Sans qu'elle pût fermer un moment la paupière ; Des chaleurs l'empêchoient de pouvoir sommeiller, Et jusqu'au jour près d'elle il nous fallut veiller. ORGON. Et Tartuffe ? DORINE. Pressé d'un sommeil agréable, Il passa dans sa chambre au sortir de la table, Et dans son lit bien chaud il se mit tout soudain, Où sans trouble il dormit jusques au lendemain. ORGON. Le pauvre homme ! DORINE. A la fin, par nos raisons gagnée, Elle se résolut à souffrir la saignée, Et le soulagement suivit tout aussitôt. [...]
[...] Nous pouvons aussi voir du comique dans l'ironie du portrait de Tartuffe qui insiste sur la bonne santé du dévot et l'égoïsme du personnage qui dîne seul en tête à tête avec lui-même. On se rend compte que la description que Dorine en fait est une thérapie face au malaise d' Elmire. Tartuffe se soigne comme en témoigne tous ces passages forts en ironie : Pour réparer le sang qu'avait perdu Madame, But à son déjeuner quatre grands coups de vin. [...]
[...] La situation est arrêtée, Tartuffe est tout puissant face à un clan qui n' a aucune autorité sociale reconnue. Conclusion : Cette scène est une scène capitale dans la mesure où elle propose des portraits qui se complètent. Elle apporte un complément à la scène d'exposition et est dramatiquement efficace puisqu'on attend toujours Tartuffe. On commence à se rendre compte de sa véritable nature : un homme vil et dangereux ainsi que de celle d'Orgon : totalement naïf et hébété. [...]
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