Fiche de lecture sur 'L'éthique de la discussion' de Jurgen Habermas
La théorie de l'agir communicationnel, clé de voûte de la philosophie habermassienne, s'inscrit dans la lignée du tournant linguistique opéré par la philosophie pendant la seconde moitié du 20ème siècle. Mais, à l'inverse de ses aînés de l'Ecole de Francfort qui ont souhaité abandonné le concept de raison, l'optique d'Habermas est, tout en rejetant la raison cartésienne, de le refonder.
I. Habermas : sa vie, son ?uvre
II. De l'éthique de la discussion : explications
III. La place paradoxale faite aux droits de l'Homme par Habermas : appréciation critique
[...] Dans cette perspective, la problématique centrale n'est plus la question existentielle de savoir comment mener une vie bonne mais la question déontologique de savoir à quelles conditions une norme peut être dite valide (Mark Hunyadi, p. 8). Habermas défend la prééminence du juste, au sens déontologique, sur le bien. Il distingue ainsi les questions morales concernant le juste et décidables au terme d'une procédure argumentative et les questions éthiques concernant les choix axiologiques préférentiels de chacun, par nature subjectifs. Cette approche du processus de formation des normes, qui opère un renversement de la vision traditionnelle de la norme, se heurte à des objections dirigées soit contre les approches déontologiques en général, soit contre les conceptions universalistes de la morale (p. [...]
[...] Aucun droit ne prime donc naturellement sur aucun autre. Dès lors, il semblerait qu'il faille écarter toute idée de hiérarchie inhérente entre les droits et prendre position pour une conciliation des droits entre eux. Pourtant, un tel relativisme peut s'avérer abusif au regard de la théorie habermassienne de l'éthique de la discussion qui n'interdit pas que le résultat de la procédure argumentative débouche sur un accord des participant pour faire prévaloir tel droit sur tel autre droit. Il est possible de conclure que la place réduite faite aux droits de l'homme dans cet ouvrage ne signifie pas pour autant qu'Habermas ignore leur existence ni ne minore leur importance. [...]
[...] Le contenu de l'éthique de la discussion "Le principe de l'éthique de la discussion se réfère à une procédure qui consiste, en l'occurrence, à honorer par la discussion des exigences normatives de validité [ (Moral et communication ; page 125) 1. Les caractéristiques de l'éthique : une éthique kantienne Le mot "éthique" peut être entendu dans différents sens, c'est pourquoi Habermas l'a circonscrit (p.16). En effet, quand on prononce le mot "éthique", on entend immédiatement le sens classique de ce terme : celui d'un discours qui se réfère à l'ensemble des questions concernant la "vie bonne". [...]
[...] Cette rationalité trouve sa source dans la relation entre les sujets. Si ceux-ci ont en commun un monde objectif de référence, celui-ci ne prend sens, n'atteint le statut de vrai -ou de juste dans la logique normative-, que dans le cadre d'une discussion visant l'intercompréhension, fondant une connaissance, relative aux sujets communiquant, du monde objectif (l'être), du monde social (le devoir-être, la morale au sens habermassien du terme) et du monde subjectif (l'éthique, les choix préférentiels de chacun pour Habermas). [...]
[...] Au sens classique, l'éthique se rapportait à toutes les questions concernant la vie bonne alors que pour Habermas, le phénomène fondamental qui nécessite explication est la validité prescriptive de commandements ou de normes d'action. En cela, son éthique de la discussion est prescriptive. De même, toujours dans la même logique et en raison de sa création épistémologique, Habermas conçoit la justesse normative comme une prétention à la validité analogue à la vérité (p.17). Dès lors, l'éthique ne peut qu'être cognitiviste. [...]
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