Il est difficile d'imaginer de nos jours les conditions dans lesquelles ont été écrites les épopées ou les poésies lyriques du Moyen âge. En outre, leur conception de la création littéraire est très différente de la nôtre. De cette différence est née une incompréhension de la littérature médiévale
[...] En outre, leur conception de la création littéraire est très différente de la nôtre. De cette différence est née une incompréhension de la littérature médiévale. Pourtant, Rita Lejeune affirme dans Littérature et société occitane au Moyen âge que " nous commençons à goûter le plaisir des nuances infinies des variations sur le thème donné Nous pouvons apprécier ces variations grâce aux sens des œuvres, mais aussi grâce à leurs structures. Enfin, nous étudierons la nature de la distance entre les œuvres de ces deux époques. [...]
[...] Mais, on peut se demander si les troubadours et les trouvères avaient conscience de ces cadres. Ce qui est certain, c'est qu'ils avaient conscience des motifs qu'ils employaient. On reconnaissait même un bon troubadour à sa capacité à en composer qui soient développés et à bien les insérer dans la chanson. Mais, leur originalité n'importait pas. Jean Rychner a proposé une classification des motifs. Il en a ainsi répertorié environ 25. La plupart ont d'ailleurs trait à la guerre. Dans une même œuvre, le même motif peut revenir de très nombreuses fois. [...]
[...] Les variations se situent moins dans le thème que dans ce qu'il contient (l'accompagnement musical, le rythme, les assonances . Mais, pour bien appréhender l'incompréhension de générations de philologues, il faut s'intéresser aux différences littéraires entre le Moyen-Age et les temps modernes. Les conditions de réception étaient très importantes. Il ne faut pas oublier que cette réception passait uniquement par le canal de communication orale. Il y avait donc un créateur, un intermédiaire et un récepteur. Le créateur était le trouveur (troubadour ou trouvère). [...]
[...] Enfin, le vocabulaire à fortes connotations (voire dénotations) sexuelles de certaines cansos a choqué de nombreux puritains et a fait passer certaines chansons pour trop légères. La poésie lyrique aussi bien que l'épopée sont de bons témoins d'un temps où la création littéraire était étroitement liée à une réception directe et à cette atmosphère. Les formules et les motifs avaient le charme de se modifier un petit peu musicalement ou rythmiquement à chaque occurrence sans jamais dévier de leur sujet. Ces " variations sur le thème donné " ont ainsi permis aux trouveurs de montrer un talent de compositeur plus que d'écrivain. [...]
[...] Ces motifs et ces formules innovent rarement. Et, à première vue, si la poésie lyrique et les épopées ne se composaient qu'à partir des motifs, elles pourraient paraître une peu fades. C'est ce que beaucoup de philologues ont reproché aux poésies médiévales : la prédominance du " thème donné Ils ont oublié les nombreuses et subtiles variations que l'on pouvait lui apporter. Les variations les plus importantes et les plus subtiles sont en étroit rapport avec la structure strophique des chansons. [...]
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