« Mais pour ces Lumières il n'est requis rien d'autre que la liberté ; et la plus inoffensive parmi tout ce qu'on nomme liberté, à savoir celle de faire un usage public de sa raison sous tous les rapports. (?) Mais je comprends par usage public de sa propre raison celui qu'en fait quelqu'un, en tant que savant, devant l'ensemble du public qui lit », Kant, Qu'est-ce que les Lumières, G.F. Flammarion, p.45.
Cette définition kantienne de l'Aüfklarung, innerve la thèse de Habermas sur l'espace public et en est, nous le verrons, le réquisit même.
Habermas est né en 1929 en Allemagne à Düsseldorf. Grand universitaire, d'abord aux côtés de Adorno, au sein de « l'Ecole de Francfort », il passe de la philosophie à la sociologie, fait ?uvre interdisciplinaire, usant de la linguistique, des techniques modernes d'enquêtes en sciences sociales, de l'histoire, de la psychologie et de la psychosociologie. La synthèse de ses travaux, dans Théorie de l'agir communicationnel, présenté en 1981, est considérée comme un monument de la pensée contemporaine. L'espace public est le fruit des recherches qu'il mène pour sa thèse d'habilitation en 1962. L'analyse du « modèle de l'espace public bourgeois » est présentée comme le but de l'étude. La méthode se voudra pluridisciplinaire, afin, nous dit Habermas, d'éviter l'écueil du « tout politique », associant sociologie, économie, droit public, politologie, histoire sociale et histoire des idées. Cependant, l'on peut faire émerger de ce foisonnement d'apports le caractère, d'une part sociologique et de l'autre historique de la démarche. C'est donc sur fond d'une évolution historique que s'éploient les analyses structurelles des formes revêtues par un espace public ductile et chronodéterminé.
[...] L'espace public est le fruit des recherches qu'il mène pour sa thèse d'habilitation en 1962. L'analyse du modèle de l'espace public bourgeois est présentée comme le but de l'étude. La méthode se voudra pluridisciplinaire, afin, nous dit Habermas, d'éviter l'écueil du tout politique associant sociologie, économie, droit public, politologie, histoire sociale et histoire des idées. Cependant, l'on peut faire émerger de ce foisonnement d'apports le caractère, d'une part sociologique et de l'autre historique de la démarche. C'est donc sur fond d'une évolution historique que s'éploient les analyses structurelles des formes revêtues par un espace public ductile et chronodéterminé. [...]
[...] La question est donc de savoir où s'arrête ce processus de publicité et quelle est l'ampleur de la communication impliquée. La médiatisation ente le domaine de communication informelle et la sphère des opinions formelles réside dans le principe de la publicité critique interne. La procédure de discussion publique permettrait d'aplanir les conflits politiques soustraits à la connaissance du public et réduits à l'état de consensus extorqué . ouvre des pistes de réflexion multiples L'immixtion croissante du public non-public du social, dans la sphère privée A l'irruption des intérêts privés au cœur de la sphère publique, décrite par Habermas, correspond aujourd'hui de façon radicale le repli sur l'espace privé, devenu le lieu privilégié de loisirs, de consommation de la culture. [...]
[...] Cette évolution se produit sur fond d'une objectivation croissante des rapports de pouvoir, qu'illustre la séparation de plus en plus claire entre la Maison royale et les biens de l'Etat. L'économie n'est donc plus commandée par l'oïkos, mais elle devient politique et commerciale, du ressort de la sphère publique et du marché, tendue désormais vers l'intérêt général. L'intérêt marchand pour l'information conflue aux intérêts politiques de l'Etat, une presse à son service naît, transplantant la représentation au sein de la nouvelle sphère publique émergente. Elites cultivées et bourgeoisie de papier forment le public des lecteurs du Journal Officiel fondé par le pouvoir monarchique à Paris en 1631 par exemple. [...]
[...] Le vote comme ratification exclut tout dialogue public comme tout exercice de la raison . mais ces principes, selon Habermas, peuvent être redéployés La refondation habermasienne la sphère publique La faillite de l'opinion publique Dans le modèle libéral, la sphère publique se situait entre l'Etat et la société, elle fonctionnait selon un principe de communication et à la condition d'un commerce libre entre personnes privées, dans le cadre des règles du jeu juridique. Mais la négativité des droits constitue l'infrastructure de l'Etat et régit la vie sociale en distinguant fictivement le privé du public et en les articulant. [...]
[...] Un droit social apparaît, les droits négatifs caractérisant l'ère libérale deviennent des droits positifs. La sphère du travail, articulée à l'intimité du bourgeois, s'autonomise vis-à-vis de la sphère privée. Le pouvoir managerial, la figure de l'organization man désencastrent la notion d'organisation, d'appareil au-delà de la distinction public, privé, en en faisant une catégorie en soi. Le privé et les loisirs ne sont que ce qui reste après le travail, la famille devient un ménage dont on évalue publiquement les basic needs, besoins primaires, une unité de consommation, tandis que les revenus et les risques sont individualisés . [...]
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