Lorsqu'on lit ce texte célèbre, on est tenté de se demander tout d'abord comment des pratiques aussi iniques que la traite et l'esclavage des noirs ont pu se développer et durer, et cet étonnement scandalisé que nous éprouvons, c'est celui que Montesquieu a voulu communiquer à ses contemporains en prêtant à son esclavagiste des arguments aussi cyniques et aussi ineptes. Mais, en même temps qu'il nous invite à nous poser cette question, son texte nous fournit les éléments nécessaires pour y répondre. Car, si ce prétendu plaidoyer est volontairement maladroit, si certains arguments (comme ceux des peuples d'Asie qui font des eunuques et des Egyptiens qui faisaient mourir tous les hommes roux) sont encore plus grotesques qu'ils ne sont odieux, si ce texte est donc une charge, il n'en constitue pas moins, en même temps, un catalogue des divers arguments réellement utilisés par les milieux esclavagistes et que Montesquieu parfois ne reprend qu'en les déformant très légèrement (...)
[...] Une généralisation violente Pour conclure, le dernier paragraphe va permettre à Montesquieu de déborder du problème des esclavagistes pour attaquer violemment la société européennes dans son ensemble. Depuis le début de l'énumération de ses arguments, la montée de son indignation est marquée par un allongement progressif des paragraphes et le point d'interrogation final est une marque de la question rhétorique invitant le lecteur à approche différente du texte. Montesquieu ne se cache plus derrière les esclavagistes mais apparaît tel qu'il est perçu par eux : un petit(s) esprit(s) obnubilé par l'injustice (ligne 23). [...]
[...] Conclusion Ce texte permet avant tout à Montesquieu de dénoncer l'esclavage. Il rompt avec le genre traditionnel du plaidoyer didactique en faveur de la liberté et de l'égalité. Sa virulence a surtout pour cible les esclavagistes dont il feint d'être le porte-parole afin de mieux détruire leurs arguments en les présentant comme absurdes, viciés ou ridicules. Il critique à la fois leur mauvaise foi, leur illogisme, leur égoïsme et leur cynisme, mais aussi le détournement de la religion auquel ils se livrent. [...]
[...] n'est pas bon par sa nature. Néanmoins, dans ce passage, Montesquieu feint de reprendre à son compte les thèses esclavagistes pour en fait mieux les dénoncer sur un ton ironique. En reprenant les arguments de ses adversaires, l'auteur va plus loin qu'une critique ou qu'un plaidoyer pour la liberté des esclaves et l'égalité des hommes. De l'esclavage des nègres est l'exemple même du texte ironique qui, pris à la lettre, dit le contraire de ce que l'auteur veut faire entendre. [...]
[...] Montesquieu va alors s'effacer rapidement derrière les esclavagistes : au je du premier paragraphe (lignes 1 et se substituent ils (lignes 3 et puis on (lignes 5 et et enfin l'impersonnel. - Une parfaite connaissance des thèses esclavagistes : lignes 3 à 26 L'auteur va alors témoigner sa connaissance des arguments des esclavagistes par : .deux arguments historiques et économiques situant le problème au niveau du travail (lignes 3 à et soulignant la nécessité économique de l'esclavage pour la société européenne .deux arguments d'ordre racial (lignes 7 à 10). [...]
[...] On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une 10 âme, surtout bonne dans un corps tout noir. Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples d'Asie, qui font les eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une façon plus marquée. On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les 15 Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains. [...]
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