Analyse de la genèse de l'oeuvre, La Place, de Annie Ernaux, comportant une introduction, un développement en plusieurs points et une conclusion. Document bien présenté, clair et aéré.
[...] Conclusion Ce texte ne se trouve pas au tout début du livre mais il fait encore partie de l'incipit. C'est lui qui donne à ce livre toute son émotion. Le refus d'une écriture qui serait de l'art prouve les efforts de fidélité et finalement on est bien loin de cette trahison annoncée en préambule. Le réalisme restitue la vie de cet homme anonyme dont la mort conduit sa fille à le faire revivre au quotidien. Il faut y voir une volonté aussi bien sociologique que filiale, et l'amour n'est pas loin. [...]
[...] Le paragraphe qui clôt ce passage reprend la forme négative pour refuser ce qui constitue les qualités littéraires attendues, surtout dans les récits de vie. Il ne s'agit pas d'enjoliver et elle ne laissera pas sa mémoire dénaturer l'authenticité du témoignage. Les phrases nominales font que ces résolutions ressemblent à des règles impérieuses, presque un règlement. Annie Ernaux donne une définition de son propre style avec, l'« écriture plate : c'est-à-dire qu'elle ne donnera aucun relief à son style en rajoutant des passages descriptifs ou des phrases très longues, ce dont elle donne un aperçu dès le départ avec ses phrases nominales. [...]
[...] Cela marque encore la lente progression du projet. L'auteur ne parle plus d'une explication mais d'un compte rendu, ce qui nous éloigne encore du genre romanesque. L'auteur franchit un stade supplémentaire dans l'exigence avec la formule je n'ai pas le droit Elle définit l'enjeu avec cette définition de la vie menée par son père : soumise à la nécessité On arrive donc à une sorte d'impératif moral pour l'auteur. C'est ce qui justifie l'emploi de la forme négative, pas le doit, [ ni Les choix stylistiques sont très clairs et on s'achemine vers une sorte de document. [...]
[...] La Place commence par le décès de son père et dans ce passage, nous allons nous arrêter sur le moment qui suit les obsèques, alors qu'elle rentre chez elle. Etude méthodique L'extrait s'ouvre sur l'évocation d'un lieu clos le train du retour endroit propice à la méditation. Elle évoque cela avec 2 connecteurs temporels redondants (superflus), d'un seul coup, avec stupeur qui laissent supposer que la mort de son père a provoqué cette sorte de prise de conscience. C'est aussi un lieu qui consacre l'éloignement : elle a laissé sa mère nouvellement veuve et la distance entre le lieu où elle vit désormais et le lieu où vit sa mère représente la distance symbolique qui s'est installée entre elle et ses parents. [...]
[...] Il n'y a pas de chapitres. Presque tous les paragraphes commencent par un indice temporel : plus tard par la suite (pas très précis) Annie Ernaux construit son œuvre sur une seule source d'inspiration, sa vie personnelle. Elle a particulièrement analysé ses relations avec ses parents qui ont mené une vie laborieuse très éloignée de celle qu'elle a connue par la suite. De cette époque, elle nous livre une trilogie : La Place qui privilégie le personnage de son père, Une Femme qui parle surtout de sa mère, La Honte qui restitue la vie de couple de ses parents. [...]
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