Fiche de lecture de l'ouvrage L'ère du vide par Gilles Lipovetsky
L'auteur présente tout d'abord la caractéristique de ce qu'il nomme les sociétés post modernes, en l'occurrence l'émancipation du plus grand nombre d'individus des règles uniformes qui prévalaient jusqu'à lors et qui s'imposaient à la masse. Le libre déploiement de la personnalité, la jouissance assumée sont les caractéristiques de ces sociétés qui pourraient avoir Narcisse pour emblème.
Le post modernisme ne peut pourtant se définir pleinement sans référence au modernisme et à la logique artistique qui prévalut entre 1880 et 1930, faite de ruptures et de discontinuités, et fondée sur la négation de la tradition.
[...] Le post-modernisme est également marqué par un désintéressement de masse qui touche tous les domaines : le travail (absentéisme et pré-retraite), la famille (multiplication des divorces), l'engagement public (faible écho des syndicats, abstentionnisme électoral). De même, les grandes quêtes ont disparu au profit du plaisir immédiat. La société individualiste ne génère pas un sectarisme car l'indifférence généralisée l'emporte sur l'intolérance et le moralisme. Cette indifférence n'est cependant pas synonyme d'angoisse ou de pessimisme, mais l'explosion de l'information conduit à une indifférence par saturation. La dépression est donc logiquement le grand mal de cette société laxiste, alors même que la société de consommation a permis l'avènement du bien être. Le comique a également évolué. [...]
[...] Il montre également que dans une société ou l'individu se définit comme une fin, la violence ne peut opposer les différentes classes, mais se concentre sur les fondements de la société. Dès lors, la possibilité d'une ère de violence totale opposant la société à l'Etat est ouverte. Critiques : A prolonger avec l'individu hypermoderne de Nicole Aubert. Certains auteurs critiquent la pensée de Lipovetsky mais, à mon sens, sans importance sur le plan des idées (notamment, François Laurent dans le village mondial ) par rapport à la portée de l'œuvre. [...]
[...] La candidature de Coluche aux élections présidentielles en est l'illustration. L'adoucissement des mœurs est également remarquable, la violence perdant toute légitimité et toute dignité. La violence s'écarte donc désormais de tout projet historique : elle incarne la révolte du désœuvrement, du chômage et du vide social. L'auteur y voit là un paradoxe : l'indifférenciation à l'autre ne signifie pas forcément une insensibilité à la douleur qu'il peut éprouver. Lipovetsky explique ce phénomène en indiquant que la représentation de la violence est d'autant plus exacerbée qu'elle régresse dans la société civile. [...]
[...] LIPOVETSKY Gilles L'ERE DU VIDE L'auteur et son œuvre : Né en 1944, Gilles Lipovetsky est professeur de philosophie. L'ère du vide, son premier ouvrage paru en 1984, constitue un regroupement de plusieurs séries d'articles et d'études qui traitent de l'ébranlement de la société moderne et de la montée de l'individualisme. A ce premier livre ont ensuite succédé L'empire de l'éphémère, la mode et son destin dans les sociétés modernes (1987), ouvrage dans lequel l'auteur traite du thème de la séduction et présente la mode comme un ciment des sociétés libérales, puis Le crépuscule du devoir (1992) et La troisième femme, permanence et révolution du féminin (1997), qui permettent à Lipovetsky de s'interroger sur les normes du bien être moderne ou la place de la femme dans la société actuelle. [...]
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